Extrait du journal

IV Mme Leislev éiait devant la porte de la maison lorsque Mina reparut. Otto, lente ment, cherchait l’auberge où Fritz l’atten dait. De grands éclats de rire en sortaient, cl un bruit cadencé, qui en accompagnait les explosions, annonçait qu’on valsait dans la grande salie de la Couronne. Il entra et aperçut Fritz qui buvait joyeusement, la tête entourée d’un nuage de fumée. A la vue d Otto, le garde se leva : — Eli bien? dit-il. Le visage d’Otto lui répondit ; on y voyait l’expression d’un tel abattement que Fritz en fut étonné. — Que le diable emporte ces mijaurées ! s’écria-t-il en frappant la table de chêne du plat de la main. — Ali ! ne blasphème pas, reprit le ver rier... Mina est une créature du paradis... Mais déjà Fritz, l’entraînant par le bras, lui montrait une grande tille blonde qui tour noyait à l’autre bout de la salle. — Regarde Elisabeth, dit-il ; les cerises ne sont pas plus fraîches... Un jour, l’au berge et deux grandes pièces de pré seront à elle... J’ai idée qu’elle ne te repousserait pas. — Grand Dieu ! qu’en ferais-je? s’écria Otto. Cependant Mina venait de suivre l’aïeule dans la salle où le malin elle avait reçu le verrier. Silencieusement elle s’approcha de la fenêtre qui donnait sur le jardin, prit un ouvrage d’aiguille qui se trouvait dans une corbeille et se mit à travailler. L’aïeule l’ob servait sans parler. Bientôt le linge tomba des mains de Mina, l’aiguille devint oisive, et, les yeux perdus dans l’espace, elle resta immobile. , Les clartés rouges du couchant teignaient la vallée, dont les perspectives lointaines se fondaient dans une vapeur d’or. Que cher chait-elle au milieu de cette lumière éblouis-...