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Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine, 9 novembre 1855

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Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine
9 novembre 1855


Extrait du journal

MÉMOIRES D’UN AVEUGLE-NÉ. « Jti vivais heureux, poursuivait l’aveugle, trop heureux, sans doute, pour un être de ma triste espèce, quand il plut aux mau vais génies qui infestent le monde d’envoyer dans cette maison une femme dont je ne puis prononcer le nom sans haine. Elle s’appelait ou se faisait appeler madame de Prcval. Il parait que c’est une vanité parmi les clairvoyants de mettre un de avant son nom. Madame de Préval avait toutes les vanités, celle-là comme les autres. J’eus bientôt fait connaissance avec elle. Regardé par les locataires comme un être sans conséquence et un sujet de cu riosité, je pouvais aller partout, j’étais attiré partout. Madame de Préval était arrivée il y a trois mois cl un jour, date maudite ! le lendemain ayant appris, me dit-elle, que j’étais excellent musi cien, elle m’invita fort gracieusement à venir jouer du piano chez elle. » La première fois que je 1 entendis, je la jugeai, » Les clairvoyants ne se doutent pas de l’importance de la voix dans nos jugements sur ce qu’on nomme la beauté. La beauté, coti.ime l’entendent les clairvoyants, est pour nous un système. La forme du corps et le son de la voix sont les deux seules es pèces sous lesquelles la beauté se manifeste à nous. J’ai découvert chez les clairvoyants une foule de bizarreries et de préjugés qui tiennent sans doute au sens qui nous manque. La figure, les ha bits les meubles, les décorations, les dignités les préoccupent constamment ; nous, au contraire, nous dédaignons l’être exté rieur et nous apprécions surtout l’être moral. La voix, par son volume son timbre et ses indexions, trahit l’esprit et la forme à tout instant de la vie, et nous montre le caractère humain jusque dans ses variations les plus intimes. Je doute que les clairvoyants, préoccupés de tant d’autres objets, puissent jamais arriver à cette profondeur d’intuition. . , ... » Madame de Préval avait une voix douce, musicale, qui me trompa une minute, mais à la minute qui suivit, j’étais déjà tiré de mon erreur. A cette voix musicale cl douce se mêlait je ne sais nuelle vibration aigre que je ne puis mieux comparer qu’à un filet de vinaigre dans un verre d’eau sucrée. Sa douceur, me dis-je, est une douceur de chat, on sent tes griffes sous le velours de la patte Un moment après sa voix changea brusquement, elle par lait à un inférieur. D’où je conclus que madame de Préval ayant...

À propos

En 1841, Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine prend temps la suite de la Feuille d'affiches, petite gazette spécialisée dans les annonces et les avis divers du village de Bar-sur-Seine, dans l'Aube. Devenu titre hebdomadaire – puis bihebdomadaire à partide de 1885 –, le journal disparaîtra en 1916.

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