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Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine, 23 novembre 1855

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Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine
23 novembre 1855


Extrait du journal

des tortures que je ne puis exprimer, je sentais bien que le dé nouement de celte lutte sans merci approchait. J’avais le pres sentiment que je serais vaincu, et telle était la misère de ma si tuation. que l'existence me pesait comme un fardeau. » Enfin madame de Préval, fatiguée de mon inévitable pré sence, prit une résolution. Sa lâcheté avait longtemps reculé, mais devant l'infamie qu’elle se préparait à commettre, il n'y avait pas moyen de temporiser, il fallait absolument me bannir. ► C’était hier malin : contre son habitude, depuis plus de quinze jours, elle ne prit point sa mantille et son chapeau pour sortir, elle me dit ail contraire de m'asseoir avec un petit ton froid et ré solu qui me lit craindre quelque catastrophe. » — Monsieur, articula-t-elle, vous vous altendiez sans doute à me voir sortir comme les autres jours, mais je suis lasse de fuir ma maison à cause de vous. Je suis ici chez moi, je prétends v être ma maîtresse, cl je vous préviens qu’a dater d'aujourd hui vous trouverez la porte fermée. Il est temps que celte obsession finisse. J eu suis fatiguée au-delà de tout ce que je puis dire. » — Madame, répondis je en comprimant la douleur du nou veau coup (le poignard que je venais de recevoir, je n'ai pas le droit d’entrer chez vous malgré voire volonté. Voire domicile vous appartient puisque vous l avez loué. Vous auriez le droit de me faire jeter dehors si j’y entrais malgré vous.,, » — Et ie vous préviens que j’en userai, iuti rrompit-elle, car j'ai assez de voire espionnage. Quand j’ai eu quelque bonté pour vous à cause de voire misérable état, je ne m’attendais pas à de pareils procédés. « Je reçus sans changer de visage ce nouveau coup aussi lâche que cruel. » — Je comprends et je devine le motif qui vous fait me ban nir de chez vous. » — C’est une résolution prise depuis longtemps. » — Vous attendiez que certaines circonstances la rendissent absolument nécessaire. „ _ Peu vous importe. Je n’ai, vous dis-je, pas de comptes à vous rendre... Il n y a pas besoin de plus longue explication entre nous. Ainsi, monsieur, veuillez me faire le plaisir de vous retirer; je désire être seule. » Je inc levai la mort dans I âme et je fis quelques pas en chan celant. J'avais tellement perdu la science de l'air cl du son, que je me cognai au mur, et je fus obligé d étendre les mains pour re trouver mon chemin dans cet appartement où j'étais entré tant de fois. Mon cœur se brisa et je m’écriai : » — Ah ! comment peux-tu me chasser, moi qui t'aimais tant ! » —- Par ici... à droite, dit-elle froidement pour me remettre dans mon chemin. » J eus honte de moi-même, j'avalai ma douleur. Quand nous fûmes au seuil de la porte, je me tournai vers madame de Préval avec un sourire qui dut l’épouvanter et je lui disî...

À propos

En 1841, Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine prend temps la suite de la Feuille d'affiches, petite gazette spécialisée dans les annonces et les avis divers du village de Bar-sur-Seine, dans l'Aube. Devenu titre hebdomadaire – puis bihebdomadaire à partide de 1885 –, le journal disparaîtra en 1916.

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