Extrait du journal

Le! regard clair de ses yeux bleus se fixa un instant, brillant et profond,, sur lés prunelles noires'de l'officiér, emprein tes d'une expression de tendresse indé'niahle, presque de supplication. .— Oui, reprit-elle d'un ton grave, comme inspiré soudain, je lis dans votre pensée. Vous êtes 'sincère et loyal, j'en suis sûre. Cette conviction sera précieuse pour mon cœur assoiffé de véritable affection ; pourtant, nous en resterons là, car je prévois l'avenir ; je le pressens brillant pour vous, sombre pour moi. Nos destinées écrites là-haut, continuai t-elle, en levant vers le ciel un regqrd i étrange, semblent devoir marcher côte à côte. Cependant, un obstacle invincible, douloureux et qni, peut-être, déchirera cruellement mon âme un jour, doit nous séparer. L'avenir ne nous appartient pas; il est aux mains des puissances surnaturelles qui nous conduisent tous. Je vois pour vous la clarté, le soleil, les joies; pour moi, les douleurs, l'isole ment, la nuit de la tristesse infinie. Adieu i Tandis que la'Fée des Bruyères parlait ainsi, d'un accent un peu prophétique, Daniel s'était levé très troublé. — Ne me dites pas adieu, s'écria-t-il avec une subite exaltation, mais au re voir. " " ' Si vous lisez dans l'avenir, votre science de divination n'est pas infaillible, vous pouvez vous tromper. r—Je $e le crois pas. ' —..Laissez agir le temps, les circons tances. gardez-moi votre amitié; c'est...