PRÉCÉDENT

Le Petit Journal, 2 octobre 1903

SUIVANT

URL invalide

Le Petit Journal
2 octobre 1903


Extrait du journal

en un espace de sept ans, de 1862 à 1869, fut à trois reprises la proie des flammes. Au reste, on peut aire qu'il n'est pas une grande cité qui n'ait eu à déplorer quelque calamité de ce genre. Qu'il nous suffise de rappeler les principales : Ce sont : à Saint-Pétersbourg, en 1836, l'incendie du cirque Lehmann, qui fit 800 victimes; celui du théâtre de Canton, en 1845, où près de 1,700 spectateurs fu rent étouffés et brûlés; celui du théâtre de Québec, en 1846, qui coûta ljt vie à plus de 600 personnes. Le théâtre de Carlsruhe brûla en 1847, celui de Livourne en 1857, et chaque fois, cent victimes furent dévorées par les flammes. En 1876, le théâtre de Conway, de Brooklyn, fut anéanti avec 400 spectateurs. Moins de cinq ans après, c'était la catastrophe du théâtre italien de Nice, qui causait la mort de 70 per sonnes. Enfin, l'un des sinistres les plus épou vantables se produisit à Vienne, le 8 dé cembre 1881. Le théâtre du Ring, fut in cendié et entraîna dans sa ruine 1,100 victimes, tant asphyxiées que brûlées. **•* Je n'ai pas relevé toutes ces dates tragi quement mémorables dans l'histoire des incendies de théâtres avec le puéril souci de jeter l'anathème sur l'un des plus délicats plaisirs de ce monde, car il faut bien se dire, au demeurant, que l'on court encore moins de risques au spec tacle que sur nos grandes routes, sous la menace de l'automobile vertigineuse, ou même dans nos rues parisiennes, où nous guettent le poignard et le revolver des Apaches. Si l'on avait la faiblesse de penser au danger, on le trouverait embusqué par tout^ et dans toutes les circonstances de la vie. La vapeur, le gaz, l'électricité, l'air comprime, toutes ces forces que le progrès moderne a domestiquées, doi vent fatalement se révolter de temps à autre. Quiconque abandonnerait son es prit à l'obsession des périls qui résultent de ces inéluctables révoltés, se créerait une existence de perpétuelles tortures et sombrerait vite dans le suicide ou la folie. Mais le danger que l'on côtoie chaque jour n'est plus un danger. Ainsi le marin prend la mer, le mineur descend à la mine, sans qu'un soupçon de crainte effleure leur pensée ; ainsi nous allons dans la vie vers nos travaux ou nos plai sirs, insouciants des embûches du sort. .***,_ ^ Pas plus que les accidents de chemins de fer ne nous empêchent de voyager, les incendies de théâtres ne sauraient nous décider à nous priver de spectacles. D'ailleurs, à propos de ces derniers et puisque à plusieurs reprises j'ai parlé de statistiques, il convient d'en communi quer une encore à nos lecteurs : c'est celle qui prouve que, parmi les théâtres incendiés, les deux tiers environ brûlent en dehors de toute représentation. A cette constatation tranquillisante, j'en ajouterai une autre, suivant laquelle, dans ces vingt dernières années, >j» in cendies de théâtres ont été n.c ins nom breux que dans les périodes précédentes. Il faut reconnaître d'ailleurs qu'une surveillance administrative s'exerce au jourd'hui sur les théâtres, plus étroite et plus sévère qu'autrefois, et que l'on fait à peu près tout le nécessaire pour ins pirer au public la conscience de sa sécurité. Car c'est là le véritable but auquel doi vent tendre tous les efforts des directeurs de théâtres : donner aux spectateurs le sentiment qu'ils ne courent aucun danger et que, même en cas de sinistre, ils pour raient s'échapper facilement. Multiplier les précautions, c'est bien; faire connaître au public qu'on les a mul tipliées, c'est mieux. Je voudrais que, dans tous les théâtres, on fit chaque soir, devant les spectateurs, la manœuvre du rideau de fer; je voudrais que, dans les vestibules et les couloirs, on affichât, au près .d'un pian du théâtre, la liste des issues, le nombre des postes de secours, tous les moyens dont on dispose pour se préserver de l'incendie. Le public, qui se...

À propos

Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • baldini
  • ledin
  • albert lacroix
  • carnot
  • berri
  • lamartine
  • aboville
  • falguière
  • régine
  • delaplanche
  • paris
  • daniel
  • france
  • amérique
  • océanie
  • europe
  • ahl
  • québec
  • beauvau
  • inde
  • bazar de la charité
  • journal officiel
  • la république
  • musée colonial