Extrait du journal

considéré comme un crime d'en faire ma maîtresse; je pouvais la prendre... et je ne l'ai pas voulu ! Je voulais lui donner mon nom — comprends-tu? je voulais qu'elle fût ma femme. Pour elle, si elle l'eût voulu, j'aurais renoncé à la mer, j'aurais donné ma démission. Et quen'aurais-je pas fait pour cette fille qui s'est donnée à d'autres ! — Tais-toi! fit Kernoël très grave; n'in sulte plus ce pur souvenir... un jour peut-être t'en repentirais-tu ? Non, Da niel, n'insulte pas Bluette, je t'en conjure —peut-être a-t-elle été victime d'un piège? réfléchis donc un peu... —Unenlèvement en plein dix-neuvième siècle ?... Allons donc !... — Tout est possible. . — Je te dis que toi aussi tu es fou. — Elle est si jolië, ta Bluette. — Jolie, niais vicieuse comme je n'ai jamais connu de femme ! cria Daniel dans une explosion de colère... Elle ne m'a jamais dit que des mensonges ; elle m'eût fait croire tout ce qu'elle eût voulu ! Il y a des femmes qui sont terribles et né fastes quand elles entrent dans la vie d'un homme... et Bluette est une de ces femmes-là. Ah ! vois-tu, il n'y a de vrai que la famille, que les femmes avec les quelles on vit dès l'enfance, celles qui ne nous ont jamais quittés; moi je ne pourrai aimer maintenant que Mme de Kérandal et Bérangère. — Tu aurais dû toujours penser ainsi, fit Kernoël d'un ton glacial ; tu avais chez toi le bonheur et tu n'as pas su le saisir... Bérangère est ei jolie, si ado rable !...