Extrait du journal
Il n'y a pas à s'y tromper, nous sommes en plein dans l'inquiétude, dans l'appréhension d'un coup de force. Est-c'è la diffusion extrê me des journaux qui a donné aux bruits fâ cheux que nous signalions ces jours-ci une consistance particulière? Inutile de le recher cher. Ce qu'il y a de certain, c'est que tout le monde attend. Et quand on attend de la sorte on est très agité. Paris est donc nerveux. On attend quoi? Un acte, —acte de drame ou de vaudeville, suivant qu'il s'accomplira ou qu'il fera long feu. . Et comme la foule ne tarde pas à résumer ses impressions dans une formule, la situation actuelle tient aujourd'hui dans cette question, qui court de bouche en bouche depuis di manche, aux courses, sur les boulevards, dans les cercles, au théâtre, autour des tables de famille : — Va-t-on arrêter Boulanger ? Tout est là.. Le prisonnier problématique n'est déjà plus « le général », c'est Boulanger tout court. — Croyez-vous qu'on arrête Boulanger? Et le soir & minuit, les reporters, les amis du général se présentent à l'hôtel de la rue Dumont-d'Urville. - — Est-il là? -T- Oui. — Bien sûr?... Et le lendemain, mômes questions. Après s'être assuré que le général Boulanger s'est couché la veille dans son lit, les reporters et les amis tiennent à constater gu'il s'y est bien réveillé le matin. Voilà où nous en sommes, trente-cinq jours avant l'ouverture de l'Exposition. Les Parisiens ont-ils tort? Ils trouvent que ça n'est pas la trêve, la fameuse trêve !... Pendant toute la journée de dimanche on a promis que l'Agence Havas publierait" une noie officieuse donnant tout au moins un in dice sur la solution à intervenir. Hier lundi seulement dans sa feuille de deux heures l'Agence I-Iavas a publié ce qui suit : M, Thévenet, garde des-sceaux, a conféré avec M. Banaston, procureur de la République. . Une vive animation a régné hier àla Chambre. Beaucoup de monde dans les couloirs. Avant la séance tous les ministres étaient réunis. Cet empressement général et aussi la pré sence de personnalités qu'on ne voit que dans les grandes occasions a, dès le début de la journée, accrédité le bruit qu'un incident al lait se produire, D'abord on avait parlé d'une interpellation Andrieux, mais le député des Basses-Alpes, interrogé, a répondu qu'il n'y avait pas encore pensé. Ce qui est certain c'est que les esprits sont très excités et que la moindre flammèche va mettre le feu aux poudres parlementaires ac cumulées en grande quantité. DERNIÈRE HEURE Nos prévisions se sont réalisées. M. Carnot a signé hier soir le décret suivant qui paraîtra ce matin au Journal officiel : Le Président de la. République française, sur le rapport du garde des sceaux-, ministre de la jus tice et des cultes, Décrète : Art. 1er. — M. Quesnay de Beaurepaire, avocat...
À propos
Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.
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