Extrait du journal

G ES lignes sont écrites après ample réflexion. Elles ne sont inspirées d'aucun pessimisme : la France possède les atouts d'une victoire certaine, et nous ne cesserons de le proclamer. Elles ne sont dictées par aucune ambition : iden tifiés avec le peuple, soulevés par notre Idéal, nous ne consi dérons les charges et les dignités officielles que de haut. Le moment ne tardera plus où se fixera la forme des hosti lités en 1940 : offensives brutales vers l'Ouest, expéditions loin taines, ou continuation d'une expectative éprouvante pour les énergies comme pour les ténacités. Quelles que soient les conjonctures à venir, il n'est pas pos sible, il n'est plus possible de gouverner, d'administrer, d'agir, de vivre dans une sorte de compromis entre l'état de. guerre et l'état de paix. Q □ STRATEGIE active et militaire ? Il faudra déployer toutes : les ressources de la production, de la manœuvre, de l'héroïsme. Stratégie passive et subversive ? Il faudra interdire le relâchement, galvaniser la patience. La déchéance de l'ennemi se précipiterait-elle ? Il faudrait donc aborder les tâches de la paix sans bénéficier pleinement des leçons de la guerre. De toute manière, une immense entreprise nous est imposée. La France ne triomphera ni de l'adversaire, ni d'elle-même, à moins d'être traversée du grand souffle de Salut public. Il faut choisir : l'enthousiasme rayonnant, immédiat, ou bien — même après une victoire — la décadence et la mort....