Extrait du journal

cela couché sur la terre humide et froide, la tète reposant sur son sac, le regard fixé sur le ciel où roulaient des nuages chargés de neigé et de pluie. . Il faisait un froid intense qui engourdissait ses membres. Les batteries prussiennes étaient silencieu ses. Aucun bruit ne venait du côté de l'enne mi. Mais, vers Paris, on entendait les troupes en armes, marchant lourdement et gagnant leurs positions. Les mouvements de concen tration continuaient. ' — J'ai toute la nuit devant moi, se disait Gauthier. Et-Garches est si près, si près!... La revoir, mon Dieu, la revoir !.. .il me semble qu'un danger me menace... plus directement que les autres fois... et que demain ce sera fini de moi... C'est la première fois que je ressens pareille impression... Autour de lui ses camarades dormaient. Il se leva doucement, faisant tous ses ef forts pour ne réveiller personne et gagna la' limite du campement. Des sentinelles étaient échelonnées de dis tance en distance, debout^ appuyées sur leurs fusils. . — Où vas^tu? ditl'une à Gauthier. Gauthier évita de répondra et passa d'un autre côté. Il était inquiet comme s'il commettait une faute. —r Si je vais à Garclies, se disait-il... si je n'ai pas le temps de revenir prendre ma place parmi mes camarades... si quelque accident lire retient contre ma volonté... on me croira déserteur, on me traitera de lâche. On dira que j'ai fui la veille d'une bataille, pour me cacher... II passa la main sur son front. —.Non, jamais ceux qui me connaissent ne croiront de moi pareille chose. C'est impossi ble, c'est impossible......