Extrait du journal

Jacques continua, gravement — Ecoutez... Ce qui vient d'avoir lieu ne doit pas se renouveler. Je partirai ce soir... Mais sachez-le bien, ce n'est pas pour obéir à vos injonctions... C'est pour vous obliger à conserver la dignité que vous semblez oublier. C'est surtout pour éviter à ma mère — à votre mère — le spectacle sacrilège que vous venez de lui donner, et qui, une seconde fois, la tuerait. Après une courte pause,l'ingénieur pour suivit : — Vous m'ayez," tout à. l'heure, ' cruelle ment offensé - par vos suppositions outra geantes. Si vous n'étiez mon frère, vous auriez vu comment on se défend, dans la famille des Chavenière, contre de pareils soupçons !... Mais un lien sacré nous unit, malgré toutes les inimitiés... Ge lien, c'est notre mère, et, à cause d'elle, je yous par donne. .. Je ne me vengerai de vous qu'en vous souhaitant de- porter plus noblement le nom que vous a laissé votre père. — Veillez sur votre nom à vous !... Le comte d'Aublinèourt n'a rien à apprendre de M. Chavenière... — Je comprends votre pensée, mais je n'admets pas votre dédain... Vous êtes comte, c'est vrai.... Dans vos veines coule un peu de ce "qu'on appelait jadis le sang bleu... Moi, je suis roturier... Je n'ai ni titre ni arbre généalogique. Mon sang est rouge tout simplement, comme celui des enfants du peuple... Jacques avait jeté cette .phrase avec une incomparable fierté. Eh bien, reprit-il, si vous désirez savoir ce que sont l'honneur, la probité, le travail, demandez en Touraine comment les Chavenière ont pu acquérir leur situation et...