Extrait du journal

Et, dans le petit salon où ils se trou vaient seuls maintenant, Bluette s'appro cha de Daniel; puis, posant sur les épau les du jeune homme ses mains un peu tremblantes, elle le regarda longuement. — Tu me caches quelque chose, fitelle. Tu es tout drôle; tu me réponds à peine, et quand tes yeux se reposent sur moi il me semble qu'il ne sont pas comme d'habitude. — Tu te trompes, Bluette; je n'ai rien. Peu convaincue, elle ôta machinale ment sa mante et le fichu de malines qui cçuvrait sa jolie tête ; et, un peu froissée par l'accueil glacial de Daniel, elle se di rigea vers la table qu'un garçon venait de servir. — Je sais que tu aimes le Champagne... j'en ai commandé, fit Daniel. Et, ajouta-t-il avec un peu d'ironie, comme on ne peut offrir à une étoile que ce qu'il y a de. meilleur, j'ai demandé qu'on nous apportât du Champagne de la bonne marque. Blessée par ce ton, Bluette se redressa, hautaine et dédaigneuse. — Tu n'es plus le Daniel que j'aime, fit-elle ; aussi te dis-je adieu... D'un geste brusque elle reprit sa mante, la jeta sur ses épaules, et se dirigea vers la porte: • 11 la retint par le bras. — Tu ne t'en iras pas ? dit-il. — Et qui donc m'en empêchera? — Moi! — Et pourquoi, ne veux-tu pas que je parte? —■ Parce que tu t'es fâchée pour rien. — Ce que l'on dit est souvent nîoins...