Extrait du journal

yeux de velours était mille fois plus gracieux et plus doux sous le shako au plumet retom bant. Il était rare que de la gare Montparnasse à la fabrique, cependant toute voisine, il ne rencontrât pas quelque marchande de fleurs dont il dévalisait l'étalage pour sa mère et pour sa sœur. — Tenez, mes aimées, disait-il en arrivant, j'ai pensé à vous. ^ Et tandis qu'il jetait les gerbes de roses sur les genoux de Laure, il attachait lui-même un tout petit bouquet en haut du corsage de la jeune fille. Celle-ci, singulièremen t émue, parlait à peine en ces moments-là. On l'eût même dite pres que indifférente, avec sa joue pâle, son visage immobile et ses grands yeux baissés. Cependant, si Maurice eût mis la main sur le cœur de Souriquette, il "eût peut-être été effrayé de la violence de ses battements ; s'il' eût regardé entre ce cœur et la mince étoffe qui le recouvrait, il eût trouvé le petit bou quet du dimanche précédent fané, mais soi gneusement porté avec une adoration ardente dont il ne se doutait guère. En effet, pendant que peu à peu, année par année et presque jour par jour, l'affection fra ternelle de la jeune fille s'était transformée en un amour intense, profond et absolu chez cette enfant pensive, concentrée et réfléchie, statue de marbre au cœur de diamant, neige dout le cœur brûlait, Maurice, lui n'avait rien vu. Sa souveraine beauté le laissait indifférent. Cette pâleur si délicate de rose blanche qui ne se colorait qu'à son approche, ne lui disait rien. Il adorait sa Souriquette cependant. .. Mais elle était toujours pour lui^ cette sœur...