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Le Petit Journal, 29 avril 1880

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Le Petit Journal
29 avril 1880


Extrait du journal

à la loi le respect qu'elle mérite, que la cérémo' nie s'accomplisse régulièrement et que l'ordre matériel ne soit pas troublé. Vous l'avez tous compris, messieurs et chers collaborateurs, il faut encore que les paroles contraires au respect de la loi ne puissent s'élever dans le lieu même où l'on vient rendre hommage à la loi. Nous voulons augmenter le prestige du mariage civil, et nous laisserions critiquer publiquement la législation qui le consacl.-e, au moment même où l'acte vient de s'accompli r en présence de ceux que nous avons conviés au respect, à qui nous nous sommesefforcés d'en d onner l'exemple ! Non, messieurs. Une telle contradiction serait dérisoire. Ce n'est pas ainsi que nous entendons nos devoirs. Ce sont des faits récents, et dont le retour est possible, qui m'ont amené à vous entretenir de cette question. Il y a quelques jours, à la mairie du dixième arrondissement, à la suite et à l'occasion d'un mariage civil, une personne dont on parle beau coup en ce moment a prononcé un discours dont le texte même ne m'est pas connu, mais dont le fonds roulait sur les inégalités établies entre le mari et la ■ femme par les articles du code civil dont l'officier de l'éta.t civil venait de donner lec ture quelques instants auparavant. Je dois dire tout de suite que> d'après les cir constances dont je rae suis fait rendre le compte le plus exact, cet honorable officier de l'état ci vil qui, depuis plus de deux ans, remplit avec un zèle apprécié de tous ses délicates fonctions, n'est pas responsable du fait. Il était d'ailleurs sorti de la salle après le mariage terminé. Vous sentez, messieurs et chers collaborateurs, sans que j'y insiste de nouveau, à quel point de tels faits sont intolérables. ' Que la personne dont j'ai parlé développe ses idées dans des réunions, qu'elle les communique aux journaux, nous n'avons rien à dire à cela; qu'elle les transforme en réclamations adminis tratives, nous ne nous en plaignons pas; qu'elle demande son inscription sur les listel ^électorales; qu'elle requii'jre sa radiation du rôle des contri butions; qu'olle postule son admission sur les listes de recrutement; elle use ou elle usera d'un droit et les inconvénients sont nuls; les pouvoirs compétents ont statué ou statueront. Mais ici le cas est tout différent, il n'y a pas de droit; et, q'aant aux inconvénients, ils éclatent d'eux-mêm es : demain, un partisan d'idées op posées à ce lles qui ont été exposées à la mairie du dixième arrondissement prendrait la parole ; puis ce serait le tour d'un autre, et la polémique et les discours des clubs s'établiraient dans la maison de la loi et la transformeraient en lieu de trouble et d'agitation, à la grande joie de nos ennemis. Le mal constaté, cherchons le remède. Il est facile à trouver. Il consiste dans l'exécution pu re et simple de la loi, qu'on n'a jamais mise de côté, mais qui parfois a pu être appliquée avec un peu trop de relâchement. Toute personne n'a pas le droit de prendre la parole à un mariage civil. Cela est certain et in contesté, mais bon à rappeler. Aux termes de l'article 75 du code civil, l'offi cier d'état civil, les parties intéressées à l'acte ont seules la parole. _ Par une extension, qui résulte du droit de po lice que l'officier de l'état civil possède en qualité de président de la séance, la parole peut être prise par des personnes auxquelles il juge à propos de l'accorder. En fait, dans les usages, il arrive quelquefois qu'après l'union prononcée, l'officier de l'état ci vil adresse quelques mots aux époux et à l'assis tance. C'est un droit dont il fera toujours bien d'user sobrement, pour conserver à la cérémonie...

À propos

Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.

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