Extrait du journal

égoïstes ; je me délivre des tortures de la faim, je me soustrais à d'horribles tenta tions. Voyons, est-ce que j'ai manqué de persé vérance? Est-ce que j'ai gaspillé les heures que les autres dpnnent au travail? poursui vit-il avec uné sorte de rage. J'ai travaillé le jour, j'ai travaillé la nuit, chassant le sommeil, la fièvre dans la tête- J'ai lassé lé corps, usé l'esprit, détruit la pensée. En moi, tous les ressorts sont brisés. Plus de flamme, tout s'est éteint ! ' Je croyais être inspiré, je croyais avoir du talent; on me l'avait dit, des gens qui flattaient ma manie, qui se moquaient de moi. •Ils m'ont poussé sur la pente et se sont bien gardés, me voyant glisser, de me tendre la main pour m'empêcher de tomber en bas. ■ Ai-je prouvé que j'avais du talent? Non. A quoi suis-je arrivé? A rien. Ce que je pre nais pour de ^inspiration n'était que les di vagations du délire, mes élucubrations sont le produit d'un trouble cérébral. Cerveau creux, tête vide ! Dérision, sottise ! Et je croyais au succès, à la renommée, à la gloire. Oh! fou, f ou que j'étais !... Il s'approcha de la commode, et frappant le marbre du poing: — Là, dans ces tiroirs, reprit-il, se trouve enfoui, entassé tout ce qui fut mes chères espérances. Sur ces pages écrites avec con viction, quand ma pensée était brûlante, j'ai mis toutes mes croyances, tout ce qu'il...