Extrait du journal

Quand il eut achevé de s’habiller, il se passa en revue, au moyen de deux grandes glaces placées en face l’une de l'autre, et satisfait de son inspection, voyant la raie de ses cheveux bieu faite, le nœud de sa cravate bien réussi, le devant de sa chemise bien plissé, les accroche-cœur de ses moustaches bien gommés, il mit son chapeau sur sa tête et sortit de chez lui, fier et résolu, comme un César s’élançant à la conquête du monde. Il prit un remise à l’heure et se fit conduire à son cercle où il déjeuna, buvant copieusement, afin de se donner de l’audace, pour le cas où la jeune fille tenterait de lui te nir tête et de lui faire résistance. Il sortit de son cercle vers deux heures et,remontant dans son retnwe,il se fit conduire au coin de la rue Chariot et delà rue Saint-Lonis. Là, il descendit de voiture, paya le co cher, et se rendit à pied au rez-de-chaussée qu’il avait loué dans la maison faisant face à celle de Julienne. Lorsque la concierge de cette maison le vit entrer, elle lui dit: — Ah! ma foiîM. Groscruchon, c’est bien heureux pour vous que vous soyez revenu aujourd’hui. Voici une éternité qu’on ne vous a vu ; on ne savait pas ce que vous étiez devenu,et demain on allait mettre votre cham bre à louer, avec d’autant plus de raison, que vous devez déjà près d’un mois de loyer. — J’ai dû partir subitement en voyage, Madame Beautreillis, répondit Groscruchon — et je suis de retour à présent même. Quand au loyer que je voua dois, il n’est pas perdu, et voici un billet de banque decinq cents francs que je vous prie de porter au propriétaire pour qu’il se paye .. qu’il prenne même deux mois d’avance, si cela peut lui faire plaisir , Madame Beautreillis,— puisqu’ainsi se nommait la con ciefge, — prit le fameux papier Joseph et, ayant fait au jeune locataire sa plus gracieuse et plus profonde révé-...