Extrait du journal
Les Conseils de Révision et la Classe 1923 Les conseils de révision, dont la mission consiste à sélectionner les jeunes gens des divers contingents avant de les incorporer dans l’armée, ont une tâche assez difficile à remplir ; est-ce pour cela qu’ils ne s’en acquittent que d’une façon insuffisante ? C’est possible, mais cela tend à prou ver que le fonctionnement de ces conseils appelle des réformes qu’il ne faut pas hesiter à y introduire. Pendant une partie de ma carrière militaire, j’ai été frappé du grand nom bre de jeunes recrues « pris bons » par les conseils de révision, versés dans nos unités et qui, visités après leur incorpo ration, étaient renvoyés devant un con seil de réforme. Ce conseil réformait définitivement quelques-uns de ces jeunes gens, en ajournait d’autres à l’année suivante et en versait une partie dans les services auxiliaires ; quelques autres, peu nom breux, étaient maintenus dans le service armé et restaient au régiment, où ils constituaient, la plupart du temps, la catégorie des « soldats malingres », pau vres diables qui fréquentaient beaucoup plus l’infirmerie que la place d’exercice. Pendant longtemps je m’étonnai d’un tel état de choses, me demandant pour quoi les conseils de révision laissaient tous ces déchets arriver au régiment. Lorsque, plus tard, mon grade m’ap pela, de temps à autre, à remplacer un général au conseil de révision, je com pris pourquoi le crible qu’est censé représenter cet organisme, fonctionne d’une façon si imparfaite. Il est à peu près impossible qu’il en soit autrement ; j’en appelle au témoi gnage des maires et conseillers généraux qui, de par leur mandat, doivent assister aux séances du conseil. La rapidité de l’examen médical est telle, et cet examen se pratique dans de telles conditions d’incommodité, que les médecins chargés de ce service, fussentils des maîtres en matière de diagnostic, doivent inévitablement commettre de nombreuses erreurs. Est-ce en quelques minutes, en effet, (parfois en quelques secondes), qu’on peut procéder sérieusement à ce qui devrait être une véritable expertise médi cale ? Quelle que soit la science et le désir de bien faire du docteur qui voit passer devant lui tous ces jeunes gens, les uns après les autres, il est impossible, je le répète, qu’il les sélectionne avec la rigueur qu’on est cependant en droit de désirer. Depuis qu’on a décidé, pour hâter les opérations, de reviser quelquefois deux cantons dans la même journée, on a vu des séances se terminer à la lumière, dans des localités dépourvues d’électri cité ou de gaz, l’examen des recrues se poursuivre à la lueur d’une bougie. On peut juger de ce qu’était cet exar men. Ce fonctionnement défectueux des conseils de révision a été plusieurs fois signalé au ministre de la guerre, soit à la Chambre, soit au Sénat. Les divers ministres qui se sont suc cédé à la guerre ont adressé des observer tions et rédigé des circulaires ; ni circu laires ni observations n’ont rien changé aux errements pratiqués par les conseils et ne pouvaient rien y changer, parce qu’il y avait toujours trop de conscrits à examiner en trop peu de temps. Ce n’est que par une réforme sérieuse de la procédure et du fonctionnement des conseils de révision qu’on arrivera à modifier un état de choses qui n’a que trop duré. Cette réforme peut être introduite par une disposition nouvelle que la commis sion de l’armée du Sénat propose d’insé rer dans la nouvelle loi de recrutement de l’armée. Cette disposition consiste à faire pré céder les opérations des conseils de révi sion d’un examen des jeunes conscrits par une commission médicale préalable. Ces commissions, sans tout l’apparat qui accompagne les conseils de révision, opéreraient dans le calme et le silence qui sont nécessaires pour faire, par exemple, le dépistage de la tuberculose latente ; les médecins, a fait observer M. le sénateur Merlin, auteur de la propo sition, auront toute facilité pour avoir des renseignements sérieux sur la situa tion physiologique et la vitalité des jeu nes gens qu’ils examineront. Grâce à ces expertises préalables, les conseils de révision statueront en con naissance de cause et s’il se glisse encore des erreurs dans leurs décisions, elles ne seront qu’en très petit nombre. A l’occasion du recensement de la classe 1923, le ministre de la guerre a promis de tenter, dans un ou deux départements, un essai de ces commisrsions médicales. Le service de santé de la guerre se montre d’ailleurs favorable à leur créa tion, mais il ne faut pas se dissimuler que le manque de personnel médical et de matériel technique rendra cette créa tion difficile. Nous sommes certains cependant que cette expérience sera faite dans les con ditions les meilleures pour qu’on en puisse tirer des conclusions probantes. Il n’est pas de difficultés qui puissent nous arrêter quand il s agit de diminuer dans notre armée les coefficients de morbidité et même de mortalité, que les statistiques permettent de constater et qui sont dus au criblage défectueux pra tiqué par les conseils de révision. Colonel PICOT, Député, Vies-président de la Commission 4* i'Année*...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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