Extrait du journal
C’est qu’il est venu le temps où il faut se défendre si on ne veut pas être écrasé sous les ruines. En même temps quo circulent tant d’ouvrages honteux pour leurs auteurs, nous avons fr Paris une recrudescence de licence chez les donneurs de spectacles. 11 fut un temps où la censure, qui existe encore pour les films du cinéma, tixistait pour toutes les œuvres dramatiques ; toutes les chansons de café-concert et tous les spectacles. Jamais un auteur, — ce qui s’appelle un auteur, — n’eut à se plaindre de la censure. Elle laissait tout passer et n’arrêtait que les attaques aux personnes et les saletés trop nauséabon des. Comme de juste, ceux qui trou vaient plu» facile de remuer ces saletés que d'avoir du talent poussèrent pendant des années des cris d’écorchés vifs contre les censeurs, dont l’un était, si je ne m’abuse, notre confrère et collaborateur M. Sermet, fr l’esprit si ouvert. Un souk-secrétaire d’Etat, dont la mémoire s’est perdue, finit par prendre au sérieux ces criaillerivs et, croyant attacher son nom à une nouvelle et immortelle conquête de la Révolution, il supprima la censure. Il fit cette miri fique réforme par voie oblique, en ne demandant pas le maintien fr son budget des crédits sur lesquels étaient jiayés les censeurs. Qu’arri va-t-il ? N’étant plus contenus, les orduralistes s’élancèrent dans la carrière où chaque année ils allaient un peu plus loin, car leur public spécial demandait toujours plus poivré, plus pimenté. Ils avaient commencé i«ir raccourcir les robes par en haut et par en bas, puis ils supprimèrent toutes les rohos et les remplacèrent par des choses qui ressemblaient, à des pagnes ; enfin, les pagnes eux-mêmes restèrent ail magasin des accessoires et il y a main tenant un spectacle fr Paris où cinquante femmes sont produites telles que la nature les a faites. C’est la maison close ouverte à tout venant, et fr toute venante. 11 y a dans la salle un commissaire de police et des agents. Cette exhibition — après beaucoup d’autres — qui donne fr Paris la réputation d’être un mauvais lieu, a donc l’air d’être faite avec l’appro bation de l’autorité. Belles choses qui se passent sous le gouvernement d’un honnête homme 1 Qu’il nous permette de lui dire qu’en les tolérant il manque fr un des devoirs de sa charge, qui est de faire respecter le pays. Personne ne lui demande de toucher A la liberté d’écrire. Ce qui est trop choquant pour être supporté, c’est qu'un tenancier de tableaux vivants, nn trafiquant de b tan ches. afin de grossir sa recette, puisse infliger fr cinquante femmes le traite ment qui était fait aux esclave» sur les marches de l'antiquité. Contre l’im primé, la censure ne peut renaître, car l’obligation de soumettre tous les livres fr des examinateurs serait injuste, donc intolérable pour quatre-vingt dix-neuf sur cent. Et pour un indigne, on ne peut pas brimer tous les autres, écrivains honnêtes. D’ailleurs, un livre, quel que soit son tirage, est moins contaminant qu’un spectacle. Mais le spectacle I Pour lui tout de suite le rétablissement de la censure s’imposerait si le ministère faisait ce qu’il doit. Ijes auteurs qui ont de l’esprit gagneraient à n’avoir plus fr subir la collaboration des déshabilleurs. I*e théfrtre redeviendrait le théâtre quand on lui aurait ôté les attraits bru taux de la maison publique. MERMEIX....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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