Extrait du journal

cela est un jeu, n’est-ce pas ? Albine, vous voulez m’effrayer... ou m’imposer une épreuve... Ce que vous dites-là est impos sible. Je vous jure que je ne vous com prends pas. A ce mot, elle fixa son regard sur le re gard de Pierre. — Vous ne me comprenez pas ? poursui vit-elle hardiment. Eh bien ! je vais parler. Abusant de la naïve confiance de mon père, de cette liberté de frère, enfin, qu’il vous laissait avec moi, vous n'avez pas craint d’y insulter, en jetant entre nous je ne sais quelles paroles de galanterie de votre monde qui m’ont forcée à vous fuir, de peur d’en être réduite à vous montrer mon mé pris. — Albine ! non ! non ! Oh ! pas ce mot-là du moins, c’est trop ! Je ne l’ai pas mérité. Eh bien ! oui, j’ai été coupable, j’ai été fou. Vous savez bien que j’ai mal vécu, que je n’ai jamais pensé, que j’ai toujours mal agi, entraîné par l’exemple funeste de ce monde mauvais qui était le mien. Hélas ! vos rail leries, vos dédains me l’ont assez fait en tendre. Mais vous offenser, vous ou votre père, grand Dieu ! Est-ce ma faute à moi, si, converti par vous au bien, au vrai, à tout ce qui élève le cœur, et le courage et la foi, si, corrigé tout à coup de ma futilité stupide, je me suis cru meilleur et plus près de vous? Est-ce ma faute enfin, si,vous aimant pour tout ce que vous avez fait de mol, je n’ai pas su vous cacher ma folie, ma souffrance, et... — Taisez-vous ! taisez-vous ? s’écriat-elle en l’interrompant avec une impétuosité étrange. — Mais pourquoi I Albine. s* je vous aiinet...