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Le Petit Marseillais, 3 mai 1893

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Le Petit Marseillais
3 mai 1893


Extrait du journal

Disewrs * ■. LAVY M. Lavy estime que la police a cherché tout particulièrement à arrêter M. Baudin, repré sentant du peuple. Il est déplorable qu’on puisse voir une partie du Parlement et le gouvernement avilir la représentation natio nale. (Mouvements divers.) H appartient au gouvernement de faire que l’autorité ne soit pas en conflit perpétuel avec le peuple. En donnant aux agents des ordres excessifs, on met aux prises la force organisée et la foule elle-même, et l’on trouble lo paix publique pour l’avenir. (Réclamations sur un grand nombre de bancs.) On arrête des personnes, on les mène au poste et on les frappe ensuite. A-t-on donné des ordres pour frapper des citoyens arrêtés, prévenus, non condamnés encore? Il faut le dire. Veut-on reprendre les traditions de l’Empire ? C’est commettre un crime contre la République, que de douter de l’esprit de sagesse du peuple et de le provoquer par de tels actes. Discours de N. de CASSADIâC M. Paul de Cassagnac fait observer qu’en face des affirmations de la police, d’une part, et de M. Baudin de l’autre, dont personne ne peut contester la sincérité, il n’y a qu’un moyen d’éclaircir le débat, c’est pour le gou vernement de demander une autorisation de poursuites contre le député accusé d’avoir injurié et même frappé un agent. Le mandat de représentant du peuple ne compte plus pour les républicains qui sont les premiers à rire quand on vient raconter qu’un député a été arrêté, insulté, frappé. (Très bien! Très bien ! sur divers bancs). Il faut que le député soit à la hauteur de sa situation aussi bien en République que sous un autre régime. Pour cela, il convient que la justice suive son cours. Si MM. Baudin et Dumay étaient innocents, il ne fallait pas les arrêter ; s’ils sont coupables, il faut les pour suivre. (Très bien ! Très bien ! à Droite.) M. Dumay s’étonne que M. le président du conseil, devant l’affirmation de M. Baudin, n’ait pas lui-même déclaré qu’il ferait une enquête. Un agent portant le numéro 70 de la 4* brigade centrale qui avait insulté l’orateur lui-méme, a nié ensuite le fait; mais le lan gage du commissaire de police est de nature I à faire croire que cet agent avait vraiment commis ce délit. Il dépose l’ordre du jour suivant : « La Chambre, blâme le gouverne« ment d’avoir ordonné la fermeture de la « Bourse du travail dans la journée du ltr Mai, « et flétrit les brutalités dont la police s’est « rendue coupable contre les citoyens qui « protestaient pacifiquement contre cette fer« meture. » M. Baudin affirme que les agents qui ont renseigné le ministre ont menti. Qu’on le poursuive où il agira lui-même contre les agents, comme il croira devoir le faire. (Très bien ! Très bien! à Gauche.) M. Millerand demande qu’on fasse la lu mière sur les faits de brutalités commis à l’égard de deux députés ; il est du devoir du ministre de l’intérieur d’ordonner une en quête. L’orateur dépose un ordre du jour ainsi conçu : « La Chambre invite M. le mi nistre de l’intérieur à prescrire une enquête sur les faits de brutalité reprochés à la police et passe à l’ordre du jour. » M. le Président du Conseil demande la prio rité pour l’ordre du jour de M. Dumay. M. Dumay retire son ordre du jour. M. le Président du Conseil dit que le gou vernement a le respect de la Chambre dans sa collectivité et dans ses membres quand il incline l’immunité parlementaire devant le respect de la loi et de l’ordre public, c'est pour lui une nécessité rigoureuse à laquelle il ne se soustraira jamais. Sous le bénéfice de ces observations, il repousse l’ordre du jour de M. Millerand. (Très bien ! Très bien! sur plusieurs bancs). Voir diverses. — L’ordre du Jour pur et simple. M. le Président du Conseil accepte l’ordre du jour pur et simple. L’ordre du jour pur et simple ayant la prio rité est mis aux voix. VOTE DE L’ORDRE OU JOUR PUR ET SIMPLE A la majorité de 319 voix contre 130, sur 449 votants, il est adopté. La séance est levée à 4 heures 50 et ren voyée à jeudi. Physionomie de la Séance L’interpellation Dumay-Baudin-Millerand et C**, sur les incidents qui se sont produits, hier, à la Bourse du travail, n’a guère duré plus d’une heure, mais elle a été relativement mouvementée. Le premier des orateurs, M. Dumay, avait cependant fait preuve d’une telle maladresse que ses amis eux-mêmes Craignaient de voir le débat se terminer en queue de poisson. Heureusement pour eux. M. Baudin s’est montré moins pitoyable ora teur ; il a môme trouvé moyen d’émouvoir les cœurs sensibles en racontant à sa façon les brutalités dont il aurait été victime de la part «le la police. Heureusement, le président du conseil a remis les choses sous leur véritable jour. L’honorable M. Dupuy s’était déjà fait applau dir parles deux tiers de la Chambre, en ré pondant au discours de M. Lavy. Son succès a été plus grand encore lorsque, remontant à la tribune, après le député du Cher, il a ré pété ses affirmations à savoir que M. Baudin...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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