Extrait du journal
dans la loi qui régit les faillites et qui laisse peser sur le failli un opprobre bien souvent immérité. Nous savons que l’on nous objectera immé diatement l’abus que certains industriels ont fait parfois de la loi actuelle ; nous sa vons que la formule légendaire : « Enfin, nous avons fait faillite! » s’est trouvée trop justifiée par plus d’une failliie scandaleuse, dans laquelle les victimes étaient les créan ciers, tandis que le failli, qui avait eu soin de mettre de Côté, comme l’on dit, une poire pour la soif, passait le restant de ses jours à grignoter cette poire très tranquillement. Mais ce sont là des cas particuliers qui sont loin d’ailleurs de justifier la loi actuelle ; ils prouvent, au contraire, son insuffisance, aussi bien pour sauvegarder les droits des créanciers en toute circonstance que pour sauvegarder ceux du failli. En ce qui concerne les premiers, 11 n’est que trop certain que les syndics et les liqui dations absorbent trop souvent la majeure partis de l’actif ; mais en ce qui concerne le failli, on se demande s’il est juste qu’il soit placé au même rang que les malfaiteurs condamnés à des peines infamantes, et qu’il ne puisse même bénéficier de la réhabilita tion que l’on accorde parfois à ces derniers. U eet étonnant qu’à notre époque on traite encore comme un coupable l’homme qui a fait de mauvaises affaires, c’est-à-dire qui n’a pas réussi dans ses entreprises. Le commerce plus que jamais vit aujour d’hui de crédit, et ce crédit quelle que soit la sagacité, la prudence, l’expérience du commerçant, peut fort bien s’égarer sur des clients peu solvables. Or, il suffit quelquefois d’un mauvais client, faisant lui-même faillite, ou dispa naissant après avoir usé et abusé du crédit qu’il avait su se faire ouvrir, pour entraîner dans la faillite et la ruine des maisons fort honorables. Celles-ci en disparaissant, en entraînent d’autres à leur tour, de telle sorte qu’il n’est commerçant et industriel, si honorable, qui puisse se dire à l’abri de tout risque, et ces risques sont d’autant plus grands que la maison est plus importante, qu’elle est en relations avec d’autres mai sons non moins importantes. Les commerçants sont comme des capucins de cartes, dont un seul ne saurait tomber sans entraîner une douzaine de ses voisins. Il faut joindre, à cela, la nécessité de con sacrer chaque jour des capitaux plus consi dérables aux entreprises les plus modestes, afin de pouvoir lutter contre une concur rence sans cesse plus acharnée ; la nécessité d’apporter dans les affaires une hardiesse, une initiative, une témérité même sans les quelles on ne parvient pas à faire sa trouée au milieu de l’encombrement qui s’est pro duit depuis quelques années dans toutes les branches du commerce et de l’industrie; en fin, cette concurrence, cet encombrement ont réduit à leur limite minima les bénéfi ces de chacun, de telle sorte qu’il faut se rattraper sur la multiplicité des affaires pour arriver à ne pas perdre la bataille. C’est, en effet,une véritable bataille qui est engagée maintenant entre des quantités in nombrables d’industriels et de commerçants, dans laquelle les vainqueurs ne sont pas...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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