Extrait du journal
Un seul homme ajouta à sa pièce de cuivre une parole affectueuse. C’était un employé de commerce, un Irlan dais chargé d’enfants. Vingt ans plus tard, cet homme héritait d’un million. Il avait été inscrit sur le testament du pauvre volontaire avec cette simple mention : «En remercîment de labonne parole qu’il m’a adressé le 25 décembre 18...» Je ne voudrais pas que l’on se méprît sur le sens de cet apologue. Je ne promets pas aux omis qui auraient la gracieuse pensée de m’envoyer, ces temps-ci, leurs cartes avec un mot d’affection que, dans vingt ans d’ici, je les coucherai sur mon testament, et, tout de môme, je n’attends pareille surprise de personne. Cela ne m’em pêche pas d’apporter au jourd’hui mes vœux de bonne année d’un cœur très affectueux et désintéressé aux lecteurs de ce journal si vivant. S’il en est, d’aventure, parmi eux que ces jours de réunion familiale laissent seuls, loin de tout ce qu’ils aiment, c’est à eux de préférence que j’envoie mes souhaits anonymes. Il y a quelques années, je me trou vais à Copenhague, un jour de réjouis sances publiques. Des amis m’avaient entraîné dans 'le quartier populaire. Comme nous passions dans une som bre ruelle, devant une maison qui portait ces mos écrits sur la porte : « Mission de minuit », je demandai quelle espèce de missionnaires veil laient là. On me dit : « Ce sont des gens du monde qui se réunissent tous les soirs et se tiennent ici à la disposition des pauvres diables qui, la nuit, rôdent, se battent, s’enivrent dans ce quartier mal famé. « Voulez-vous causer avec eux ? » J’entrai dans la maison avec ce sou rire un peu sceptique que nous autres Français, nous avons peut-être à tort — devant de telles tentatives. Je n’étais pas assis depuis un quart d’heure derrière la table sur laquelle traînaient de pieuses brochures, quand uu homme poussa la porte. C’était un matelot, tout pâle. Il avait bu ; on l’avait volé; le chagrin l’avait dégrisé. Il prononça lentement : « Je viens vous trouver. Messieurs, car une bonne parole,cela fait quelque fois du bien, quand on a le cœur vide. » Je ne souriais plus. Son mot m’est tombé sur le cœur,Il a germé. Jamais, depuis, je n'ai résisté au plaisir de dire à ceux oui me frôlent la bonne parole dont les hommes ont besoin pour vivre autant que du pain quo tidien. HUGUES LE ROUX....
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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