Extrait du journal

M. Lebrun a admis enfin, non sans des scrupules très honorables, de \oir renouvelé son septennat. On conçoit que ce ne soit pas de gaîté de cœur. M. Lebrun aspirait légitimement à descendre, ou plutôt à entrer dans l'anonymat. S'il reprend le collier présidentiel, jj entrevoit déjà les inconvénients et non les avantages de la fonction, car il est fixé à ce sujet. . , r , .* ... C’est qu'en effet, la Constitution n est pas favorable au libre exercice de celle-ci. Dans lus jours qui vont s'ouvrir et en présence dos responsabilités engagées, allons-nous vivre encore sur des textes fondamentaux dont toute la force réside dans I imprécision ? Récemment, un auteur avisé, M. Paul Allard, résumait dans un volume d'actualité ce qu il nomme les « Secrets de 1 Elysée ». Ces secrets n'eu sont point. Ils nous montrent plutôt les coulisses du palais présidentiel et comment, après que le chef de I Etat a joué son rôle sur la scène officielle, il se retrouve avec des obligations sans gloire et des servitudes sans grandeur. .. , Parfois, cela atteint au tragique. M. Paul Allard note opportuné ment les angoisses qu exprimait Poincaré aux heures^ de guerre. I! déplorait son impuissance de chef théorique des armées de terre et de mer : « Je suis immobilisé à la présidence. Je n ai aucun droit. Je n'ai ni pouvoir ni moyen d'action. L édifice craque peu à peu. Cela se sent. La Chambre et le Sénat veulent critiquer les opérations, les conduire*, toucher a tout. Je suis un mutile constitutionnel. » Il n'v a rien de modifié depuis cet aveu et les mêmes causes ramèneraient les mêmes effets. En revanche, on fait du président de la République une machine à signer tout et rien. M. Allard remarque la disproportion qu'il y a entre un décret de mobilisation et un autre décret qui autorise un garde barrière à installer un poulailler à proximité de son poste. (Suite page 7)...