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Le Petit Marseillais, 5 janvier 1893

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Le Petit Marseillais
5 janvier 1893


Extrait du journal

qui fit concevoir de grandes espérances et qui parut longtemps pavée de bonnes in tentions. Si l’on se demande comment, cet or pur a pu se changer en un vil plomb, l’impartialité nous oblige à reconnaître que la faute en fut aux ministres et, dans une certaine mesure aussi, à ce besoin de vitalité gouvernementale qui se fit sentir pendant de longs mois, car les meilleures choses, entre des mains malhabiles, finis sent souvent par donner de détestables résultats. Ministérielle, la Chambre l’était bien; elle rêva longtemps de marcher derrière des chefs qui auraient un programme,une volonté, un but; mais les chefs lui man quent. Elle réclame, elle implore une di rection: eux entendent la suivre; elle sol licite (les conseils et. môme des ordres, Ils lut en demandent. Et, de ce malentendu, sortent tout naturellement les crises, car la déférence excessive (les généraux, lasse, décourage et irrite la soumission des soldats. Lorsqu’une fois Ils ont cassé un ministère, ils ne s’arrêteront plus; le charme est fini, le prestige du gouverne ment s’est évanoui et, entre ces mains devenues brutales, les fragiles cabinets se cassent comme verre. Pour rétablir la stabilité gouvernemen tale, on avait cru nécessaire de suppri mer les groupes et la mesure eu sans doute été bonne si un homme se fui ven- , contré pour réunir en un faisceau les { forces éparses de la Gauche, les tenir en main et les souder ensemble. L’homme ne s’étant pas rencontré, il n’y eut bientôt plus qu’une poussière parlementaire, trop impalpable, que la plus légère brise em portait et. dispersait. Ne servant pas sous un chef unique, ne pouvant plusse concer ter, les Gauches furent à la merci de toutes les surprises et de tous les entraî nements. Il n y eut plus d’action com mune, plus de bataillons conspirant en semble pour le bien commun, et bon vil se réaliser la prophétie de Benjamin Cons tant : « Sans groupes bien disciplinés, les députés ne sont que poussière ; vienne le vent, cette poussière se disperse; vienne l’orage, elle n’est plus que boue. » C’est dans cette boue que nous pataugeons. PAUL BOSQ....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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