Extrait du journal

On écrit de Londres, au Temps : Le conseil de guerre de Chatham s’est réuni le 2 janvier, au matin, pour la mise en jugement du capitaine de vaisseau Heugh, accusé d’ivrognerie habituelle ayant entraîné l’abandon de son poste. Celte accusation est basée sur les faits suivants : La journée du 23 novembre dernier fut parti culièrement accidentée pour cel intrépide buveur. Dès le matin, le capitaine se présenta devant son chef dans cet état vaguement chancelant que les habitués des public-liouscs définissent par la for mule symbolique : « avoir son jeune homme ». 11 s’agissait de recevoir des ordres relatifs à des exercices de tir à la cible qu’il se trouvait chargé de diriger. A midi, le capitaine n’avait plus « son jeune homme », parvenu à un grade supérieur, il avait son « plumet ». A deux heures il était « dans les vignes », et, à cinq heures du soir <> raide comme la justice », A sept heures, il se trouvait complet », et son chef l’envoyait se coucher. On s’attendait à ne plus en entendre parler jus qu’au lendemain, mais un peu avant minuit le capitaine sortait de sa canine et reprochait à 1’ofïlcier de quart de permettre aux matelots de détériorer l’artillerie du bord. Puis il soutint qu’on avait introduit un orgue de barbarie dans la soute aux torpilles et qu’il en entendait la musique. Bien qu’on essayât de le détromper, il entendait toujours cet orgue et il suivait le rythme de la mélodie imaginaire on bottant la mesure avec son sabre. Les nommes d’équipage suivaient cette ftantoinime avec le plus bienveillant intérêt, mois e prestige de 1 épaulette diminuait * vue d’œil. Dans la batterie où il descendit — l’acte d’accu sation assure qu'il y dégringola — il s’indigna de découvrir un bal de chaussures. Les souliers des hommes se trémoussaient, disait-il, et comme une paire lui parut s’obstiner à ne pas sauter en...