Extrait du journal

tôt pour suivre son mari ; tu la rempla ceras dans cette demeure où s’épanouira largement le charme de ta jeunesse, de ta beauté, do ton sourire, jusqu’au jour où, comme ta sœur, tu Ven iras vivre avec l’homme que je t’aurai choisi et qui fera de toi une épouse heureuse et respectée ! Ces paroles ramenèrent Paula à la ter rible réalité. Son angoisse mortelle la ressaisit. Elle, une épouse heureuse ! Elle, une épouse respectée ! Ce n’était pas possible, hélas ! L’homme qu’elle aimait, celui qui aurait pu lui rendre l’honneur et faire d’elle une femme heureuse, flôre, honorée, cet homme était le mari de sa sœur ! . Alors, Impuissante à contenir plus long temps son émotion, elle éclata, et, s’arra chant de l’étreinte du général, elle s’écria avec une explosion de sanglots : — Ah! toutes les espérances, toutes les joies, tous les bonheurs si longtemps rêvés, si longtemps attendus... les voilà qui vien nent à moi, mais il est trop tard... mon père, hélas ! il est trop tard ! — Trop tard 1 répéta le comte, vivement impressionné par le changement subit de la physionomie de sa fille. Qu’est-ce que cela veut dire î ajouta-t-il en jetant sur elle un regard où la surprise se mêlait à l’inquiétude. — Je veux dire, répondit Paula avec effort, que vos paroles, qui devraient me remplir l’àme d’une Ivresse indicible en effaçant jusqu’à l’ombre de mes chagrins d’autrefois, ne sont, hélas ! pour mol, qu’une nouvelle source de douleurs. Cela veut dire que votre bonté m’accable, que votre générosité me fait mal, car Je ne puis...