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Le Petit Marseillais, 6 mai 1868

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Le Petit Marseillais
6 mai 1868


Extrait du journal

France ! 1 ce sont les adieux du plus illustre de ses enfants qui pleure son abandon; c’est la malé diction jetée aux bourreaux; l’invocation dernière d’un secours assuré, le legs de la vengeance qui apaisera ses mânes irritées. France ! ce nom dans la boucha de cet homme est une cruelle expiation. C’est le souvenir de la gloire que ses succès donnèrent au pays, de l’agran dissement sans cesse croissant de son territoire, de la formation des royaumes tributaires qui dans son esprit devaient un jour se fondre dans la mère patrie, c’est le rappel par la pensée des humi liations de la défaite , des repressailles terribles de l’Europe liguée,du morcellement de ce grand empiie dont il avait acheté la possession au prix de tant de sang généreux , du retour à leur souverain de ces trônes sur lesquels il avait fait asseoir ses frères et ses soldats , aujourd’hui bannis et figitifs et n'ayant pas un toit ou reposer leur tête dans cette vieille Europe qu’ils foulaient encore naguère au trot de leur cheval de bataille, et dont ils avaient fait pour les besoins impérieux de leurs caprices royaux une immense hôtellerie France ! Ce nom dit tout . . . C’e-t le fils qui appelle sa mère. Il souffre, il se plaint C’est elle qui consolera cet le grande âme blessée .... C’est elle qui versera le baume suprême sur la plaie douloureuse elle qui recevra son dernier soupir Napoléon ne veut pas mourir sur le sol étranger, au milieu de ses ennemis.... il réclame la patrie, il l’appelle de son souffle expirant, il lui adresse un adieu sublime, comme si ce nom devait adoucir le cruel passage , devait endormir la -oufrance aiguë,et faire oublier au Lion vaincu les bar bares tortures, les honieux affronts du vainqueur, pendant ces six années de lente agonie sur le rocher de l’océan. France ! C’est l’appel de la nature qui succombe sous le poids de la peine, et qui se sent incapable de se relever sans un appui. C'est l'aveu tacite de la faiblesse du géant tombé,reconnaissant bien tard qu’il a trop oublié son pays, pour satisfaire à la soif de la conquête et de la globe, pour poser quel que couronne nouvelle sur son front triomphant. L’âme se serre à ce penser douloureux de la fin misérable de ce grand capitaine qui après avor fait...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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Données de classification
  • napoléon
  • palet
  • xxvii
  • france
  • europe
  • marseille
  • nice
  • canal
  • austerlitz