Extrait du journal

porto du château. Il faisait un temps horriblo ; la pluie, qui tombait par torrents, avait rompu les chemins, et ces braves gens no pouvaient gagner le village, où ils auraient trouvé un abri et un gîte. Le baron leur ouvrit généreusement sa porte ; c’était à peu près tout co qu’il pouvait faire pour eux. Il s’installèrent dans une salle démeu blée, non loin do l’écurie où ils avaient remisé les mulets qui portaient leurs ballots, et s’arrangèrent pour y passer la nuit. La baronne les avait vus arriver de sa fenêtre ; le soir, à la veillée, elle dit à sa belle-sœur : « Je dépenserais bien volontiers un écu do six francs avec ces marchands. Les en fants sont lïabillés pour la saison; mais nons... c’est uno mortification d’aller à la messe avec nos coiffes unies et nos vieux fichus do lisard. Vous surtout, ma chère Agathe, vous auriez besoin d’un fichu neuf. — a quoi bon, ma sœur t répondit MUe de Colobrières avec un soupir; cela me servirait si peu de temps ! Bientôt je n'aurai plus besoin de ces ajustements. — c’est égal, répondit la baronne. Et, regardant à la dérobée son mari qui s’en dormait devant la table, le nez sur un vieux nobiliaire dont il lisait chaque soir quelques lignes, ello ajouta d’un ton plus bas : «J’ai amassé quelques pièces do quinze sous; Jo vais vous les remettre. Que votre frère n’en sache rien, surtout... Tantôt, quand nous serons rentrés dans notre chambre, vous irez trouver ces marchands, et vous choisirez, vous achèterez. » Elle se leva à ces mots, elle alla chercher au fond de l’armoire où elle serrait ses effets les plus précieux une petite bourse...