PRÉCÉDENT

Le Petit Marseillais, 8 juin 1911

SUIVANT

URL invalide

Le Petit Marseillais
8 juin 1911


Extrait du journal

Une fois de plus, elle quitta le mort et monta au phare pour chercher le remède et remettre le feu au mouvement. Mais une heure de travail fut vaine. Matelot, arrêté subite ment le matin par la maladie au moment mê me où il nettoyait le mécanisme, n’avait pu mettre en place tous les organes essentiels et le phare immobilisé allait peut-être être la source de plus d’une catastrophe., \ Alors, redescendant près du mort, elle fit monter dans la tour les deux aînés de ses en fants, dix ans et sept ans, et toute la nuit, seuls, dans l’étroite chambre du feu. tout en haut du phare, de neuf heures du soir à sept heures du matin, les deux enfants, en pous sant de toutes leurs petites forces, firent tour ner le feu qui, pas un instant, n’eut de défail lance, pendant qu’en bas la mère, avec les deux plus petits, faisaient la toilette funèbre du père. Matelot laisse six enfants mineurs et, depuis le 18 avril dernir, je n’ai pas encore pu lui payer, (les formalités n’étant pas encore rem plies), les 54 francs 17, montant du traitement du mari du 1“ au 18 avril, jour de sa mort. Il faut lire entre les lignes de cette lettre pour comprendre toute l’horreur du drame et toute la magnificence du dévouement. Voyez cette famille enfermée dans la tem pête, cet homme frappé à son poste même, mourant sans secours possible, cette femme qu’aveuglent les larmes et qu’un mot. des enfants orphelins ramène tout à coup à un geste d’abnégation. Elle s’arrache des bras du moribond pour aller allumer le feu qui guide les marins. Mais cette lampe qui brûle dans la nuit océanienne ne tourne pas et, dans sa fixité, peut causer d’affreux accidents. Eh bien, deux des ehfants reste ront à habiller le mort, à l’honorer, et les deux autres, de leurs mains inhabiles, fe ront ce qu’eût fait le père tombé à la tâdlie! La nuit se passe ainsi. Le jour venu, la triste famille et son chef décédé sont rame nés à terre. Désormais, la veuve et les...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

En savoir plus
Données de classification
  • breton
  • brisson
  • rouvier
  • bouvier
  • g. eiffel
  • badou
  • badoureau
  • lenoir
  • berteaux
  • fallières
  • rome
  • védrines
  • marseille
  • paris
  • beaumont
  • madrid
  • berlin
  • suisse
  • chambre
  • maroc
  • r. p.
  • sénat
  • la république
  • combes
  • agence havas
  • conseil de cabinet
  • parti radical
  • académie des sciences
  • union
  • nathan