Extrait du journal
Le Scandale Téléphonique Peut-être trouverez-vous que l’éclosion des scandales, si généreuse il y a quel ques semaines, se ralentit brusquement? Est-ce qu’il n’y en aurait plus ? Rassurez-vous. J’en ai un à vous con ter. Savez-vous ce que perd, chaque jour, l’ineffable administration des téléphones en refusant de nous donner à temps les communications que nous lui deman dons, autrement dit en subissant le man que à gagner que représente, multipliée par X... la mention : annulé, portée sur les feuilles des téléphonistes ? Environ cinq mille francs par jour, rien que dans le réseau de Paris. Or, cinq mille francs par jour, c’est, pour trois cents jours ouvrables, un mil lion cinq cent mille francs. Comme ce scandale dure depuis cinq ans au moins, multipliez 1.500.000 par cinq ; vous trouverez sept millions cinq cent mille francs au total. Si nous doublons la somme, pour tenir compte de la perte analogue, journelle ment subie dans tout le reste de la France, nous obtenons le chiffre très admissible de quinze millions de francs. De ces quinze millions de francs, l’Etat n'a pas vu un centime. Or, pour les toucher, pour les perce voir, il lui eût suffi d’installer ici et là un matériel dont le coût n’eût pas excédé deux millions. En ce qui concerne Paris, la dépense est prévue pour un million cinq cent mille francs. De quinze millions si l’on défalque deux millions, disons trois pour faire bonne mesure, il reste encore un bénéfice de douze millions que l’Etat n’a pas su réaliser. Je ne parle pas de l’argent qu’il a fait perdre au commerce et à l’industrie en provoquant l'échec de mainte affaire au moment psychologique, faute de pouvoir servir une clientèle qui n'a pas, comme chacun sait, le moyen de s’adresser ailleurs. Le voilà, le scandale téléphonique t Il est quotidien depuis cinq ans ; mais jamais encore je ne l’avais entendu appré cier en espèces, si l’on peut dire. Cette surprise m’échut l’autre jour, à 1’assemblée annuelle des Abonnes au Té léphone, association utilitaire dans un pays comme celui-ci, où l'administration se montre si souvent d’une incapacité criante. — Les chiffres, nous dit son aimable président, le marquis de Montebello, ne sont pas fantaisistes, en ce qui touche ta région de Paris. C’est M. Millerand qui les fit établir, à l’aide des feuilles quotidiennes. Et M. Dumont, l’autre jour, au cours d'une visite que nous lui avons faite, nous a confirmé que l’admi nistration estime à cinq mille francs par jour, et cela depuis cinq ou six ans, la perte, le manque à gagner résultant de l’insuffisance des moyens de communi cation téléphonique entre Paris et les principales villes du territoire !... Qui ne connaît cette scène lamentable ? Pour peu que vous soyez dans les affaires, vous en avez été l’acteur exas péré. Il est utile que vous téléphoniez à quel qu’un. Vous entrez dans un bureau de poste, ou vous demandez de chez vous une communication, de Paris pour Mar seille, de Marseille pour Paris. On vous offre tout de suite le numéro 75, ou bien l’on vous dit : « Dans deux ou trois heu res. » 11 m’est arrivé, un jour, à Deauville, de demander avec Paris, un dimanche, une communication que l’on me promit pour le lundi, sous le numéro 230, ou...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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