Extrait du journal

1789 à 1793 CHAPITRE XIX. — UN JUGE D’AUTREFOIS. La baronne compulsa les dossiers, prit des notes, fit des remarques, demanda des explica tions, puis, profitant d’un instant où le secrétaire n’était pas là, elle questionna le president sur son compte. *— Ce Bonneau ? demanda-t-elle. — Un jeune avocat ! répondit le président. — Est-il un homme sùr ? >- Il est très pieux. — S’en défier alors ! — Comment, baronne ! — Avec sa tête, très pieux, c’est trop pieux ! Il doit y avoir de l’hypocrisie dans son cas. Le président sourit. — Il est pauvre et ambitieux ! dit-il. — Alors, il me va ! — Vous voulez me le prendre ? — Vous en retrouverez vingt autres. — Je vous le donne donc. — Quelle visée d’avancement a-t-il ? — Une charge quelconque. Il espère un beau mariage pour la payer. — Bon ! Prévenez-le que je l’emmène. — Où cela. Madame t — A Marseille. — Quand ? — Dans une heure ! Le temps de me déguiser. — Ah ! vous vous déguisez... — Oui ! Je me déguise. Croyez-vous qu’il soit agréable d’être huée. — On veut vous huer. — On m’a sifflée et injuriée. On recommencerait — Oh ! oh ! fit le président ! Je vais faire infor mer contre les coupables. — on n’informe pas contre toute une ville. On n’atteindrait que quelques malheureuses. Maigre vengeance ! Je veux frapper la masse en masse. Le président vit enfin clair dans les intentions de la baronne. Elle reprit : — Quant à ma rivale qui m’a suscité cette ava nie, c’est entre elle et moi un duel à mort ! Je saurai bientôt l’atteindre....