Extrait du journal
lopherne. De ses lèvres toutes blanches tombè rent ces mots difficilement articulés : — Qu'est-ce à dire, Monsieur ? Je n’aime point les énigmes. — Moi non plus, répondit le jeune bandit. Aussi, quand j en rencontre, je ne saurais avoir de repos que je ne les aie devinées. En entrant dans cette maison, le hasard m’en a proposé une assez singulière. Jugez plutôt. Au Caire, où j’ai résidé quelque temps, jadis, je m’étais trouvé deux ou trois lois sur le chemin d’une jeune Française trop belle pour qu’elle pût passer, n’importe où, inaperçue. Elle s’appelait, ou du moins on l'appelait : Mme Durand. Avouez que j’eus lieu d’être surpris en la revoyant en France, un peu plus tard, de découvrir qu’elle était non plus « madame ». mais « ma demoiselle », avec un nom différent. D'ailleurs, elle avait repris, de la jeune fille, non seule ment le nom, mais aussi la taille svelte et légère. C'était une énigme, n’est-ce pas ? J’en ai longtemps cherché le mot: inutile d'ajouter que j’ai eu la discrétion de le chercher à moi seul. Perrin s’arrêta, comme pour laisser à deux larmes le temps de rouler sur les joues d’Hen riette. Larmes de honte, de rage aussi. — Ainsi, pensait-elle, le monstre qui m’a per due me perd une seconde lois par sa mort même. HelasiJe m’étais réjouie trop tôt, car j'ai commis un crime, moi aussi, le crime de meréiouirde la mort d'un être humain, après l’avoir longtemps souhaitée. Malheureuse ! je suis vengée, non pas sauvée. Je ne suis pas libre. Le hideux secret n'est pas enseveli dans la terre. Pourquoi n’est-ce pas celui-ci qui s'est pendu ? De l'autre,j’avais mille lois moins à craindre. Perrin ri’était pas homme à perdre le fil de ses idées pour voir pleurer une femme. 11 con tinua, de sa même voix douce : — Le mot de l'énigme était dans ce journal. Deux femmes y ont lu certain entretiletde vingt lignes. De ces deux femmes, la plus jeune s’est évanouie. La seconde — veuillez vous souvenir que j’étais hier à Saint-Pardoult — la seconde a subi dans son mal une aggravation dangereuse .et vous m'avouerez qqfi es rapprochement vaut...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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