Extrait du journal

sa tète à Lazare, qui s’empressa de déployer les talents multiples d’un valet de chambre expert en son métier. I.e drôle était adroit comme un singe, il s’entendait à raser et à coiffer son maîtro aussi bien, pour le moins, qu’à se poster dans un chemin creux, le pistolet au poing, et à crier aux passants attardés : — Halte-là ! La bourse ou la vie!... Bref, au sortir de ses savantes mains, Saint-Maixent avait repris ce juvénile et charmant visage qui le faisait ressembler trait pour trait à l’archange saint Michel terrassant le démon, tel que le montrait le grand tableau du maître-autel de la petite église de Saint-J ude. Julie Chadorant, la jolie fille aux yeux tendres de l’hôtellerie des Armes de France aurait soupiré bien fort en le regardant. Ceci fait, et les ablutions du marquis ter minées. Lazare ouvrit une armoire d’ébène incrustée de cuivre, d’ivoire et de plomb, qui se trouvait dans l’un des panneaux du cabinet de toilette. Cette armoire était pleine de linge parfumé. 11 y prit une chemise de toile de Hollande, toute garnie de point d’Alençon, et il la passa à son maî tre, qui noua négligemment autour de son cou un simple ruban de soie pourpre à demi noyé sous les dentelles. Saint-Maixent choisit ensuite, parmi les nombreux vêtements envoyés de Paris par le tailleur à la mode, un costume du matin ravissant d’élégance qt de simplicité. Des bas de soie dessineront sa jambe irrépro chable ; il chaussa des souliers à hauts ta lons rouges : il mit en vevrouil une petite épée de parade fine comme une aiguille ; il jeta sous sou bras gauche un chapeau...