Extrait du journal

suis toujours, Monseigneur, tel que vous m’avez connu. — Alors, relevez-vous, les fautes seules se disent à genoux. Charles lui obéit et s’assit à quelques pas. — Venez plus près de moi, lui dit le pré lat avec bonté, vous ôtes trop loin là-bas. Bien. Et maintenant expliquez-moi comment, quand un prêtre a rempli tous ses devoirs, quand il est resté chaste et fidèle, que sa conscience ne lui reproche rien, comment il peut être malheureux lui qui, par voca tion, a renoncé à toute joie humaine et doit être prêt à tous les sacrifices? — Monseigneur, dit Charles, voulez-vous écouter la confession de ma vie entière, et recevoir la confidence d’un sentiment très pur, que personne n’a jamais soupçonné ? -- Parlez. — Mon frère, le docteur Raymond Slntély, que j’ai eu l’honneur de vous présen ter, et mol, nous sommes nés dans l’Inde. A la mort de notre père, comme nous avions déjà perdu notre mère, nous fûmes amenés en France par la baronne de Bram,la seule parente qui nous restât, car elle était la sœur de notre mère. Elle remplit avec tant de cœur et d’amour la tâche qu elle s’était imposée, que jamais Raymond et moi nous ne nous serions aper çut que nous n’étious pas nés dans cotte chère maison, si nous ne l’avions pas su. Le baron et sa femme nous prodiguaient les mêmes soins, la même affection, le même amour que si nous eussions été leurs fils. — Avaient-ils des enfants? — Une fille, Madeleine, qui était élevée avec nous, quoiqu’elle fût plus Jeune. Mon frère Raymond était peut-être le préféré de ma tante ; mais c’était pour mol un motif de plus de reconnaissance, car ce...