Extrait du journal

Très pâle, mais la tête auréolisée par ^expression que devaient avoir les mar tyrs dont lo fer rouge déchirait les chairs vives, Charles répondit, presque malgré lui, en serrant fiévreusement les mains de son frère : — Tais-toi, malheureux, n’ajoute pas un mol, tu blasphèmes et tu me lues !... Il passa son mouchoir sur son visage li vide oU coulaient de grosses gouttes de sueur, et sans laisser à Raymond le temps île répondre, il continua plus bas : — Qui ledit que ce n’est point pour res ter fidèle à cet honneur dont tu évoques le nom, que je me laisse, depuis une heure, broyer le cœur sans répondre, que mes lè vres restent et doivent rester closes ! — Allons donc ! Il n’y a qu’un honneur en ce moment-ci pour nous, et c’est de l’au tre côté qu’il est en jeu, pas ailleurs! Une accusation monstrueuse pèse sur moi, un mot de toi peut la faire tomber : ce mot, il faut le dire! Puis s’apercevant tout à coup que son ac cent dur et impérieux apportait une bles sure nouvelle au cœur de son frère déjà si malheureux, il courut vers lui et l’enlaçant de ses bras : — 0 Charles, dit-il, pardonne-moi, je souffre tant!... Il se mit de nouveau a sangloter, puis tout à coup relevant la tête : — Ce n’est qu’une épreuve, n est-ce pas? lui dit-il, tu vas me soutenir et me sauver? Comprends donc, je n’ai que loi au mon de, tu es tout pour moi, à toi tout seul : la mère que je n’ai pas connue, le père qui m'a coüiié a toi. nos tuteurs si bons pour...