Extrait du journal

M. de Kouesnon le consultait à son tour sur certaines questions difficiles et délica tes ; il appréciait ses conseils, les suivait docilement et sa profonde connaissance des hommes et des choses lui fut souvent pré cieuse. Une subite sympathie les portait l’un vers l’autre, et lorsque M. de Kouesnou présenta l’ancien notaire à sa mère, celle-ci fut con quise à son tour par cet homme honnête et droit qui avait conservé avec les daines, les traditions de politesse raffinée de nos pères. Elle fut heureuse du hasard qui donnait à son fils ce conseiller habile et sûr, ce cgllaborateur désintéressé et, bien qu’elle fût peu portée aux confidences, qu’elle ré pugnât à livrer ses secrètes pensées, elle fut insensiblement entraînée à lui dire ses craintes, ses espérances et ses rêves comme à un confesseur d’une absolue discrétion à qui l’on découvre jusqu’aux plus profonds mystères de son âme. Elle s’y reprit à plusieurs fois pour tout lui dire, pour aller jusqu’au bout des aveux, pour supprimer une à une les réticences; mais elle avait tant souffert et souffrait si cruellement encore, ses angoisses étaient si vives, elle avait dû renfoncer en elle tout et tant de cris de douleur, que ce lui fût un soulagement et une satisfaction de pouvoir enfin ouvrir son cœur et parler librement....