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Le Petit Marseillais, 11 août 1895

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Le Petit Marseillais
11 août 1895


Extrait du journal

bataillons scolaires On va vendre aux enchères ce qui subsiste encore des bataillons scoGomment s’interdire un retour dou loureux et muie'surAlQ P?ssé?v. Ou’il fut superbe 1 élan des Français au lendemain de la guerre ! L’ennemi était chez nous ; 1 herbe n avait pas encore poussé sur les tombes ; une fumée noire s’échappait des ruines toutes chaudes et là-bas, de l’Est, montait le cri désespéré de l’Alsace et de la Lorraine... Alors ce fut pour la revanche que la France vécut ; tout ce qu’elle avait de forces elle voulut le mettre au service de cette grande tâche : le relèvement militaire de la nation. De tous ses fils, elle résolut de faire des soldats, les soldats qui, plus tard, marchant à larges enjambées, de victoire en victoire, iraient planter de nouveau les trois couleurs françai ses sur les remparts de Metz et de Strasbourg. Ce fut un conseiller municipal de Paris, M. Aristide Rey, aujourd’hui député do l’Isère, qui, en 1880, eut la première idée de l’organisation des Bataillons scolaires. Rendons hom mage au général Billot, qui donna sans réserve, à l’œuvre projetée , l’appui de sa haute autorité militaire. Le 13 juillet 1882, la veille de la Fête nationale, le premier bataillon scolaire, celui duVIII’arrondissementse montra pour la première fois en public. I/efTet fut immense. Dans leur uniforme bleu sombre, béret en tête, faisant penser à de petits marins, les gamins avaient très bon air. En trois mois ceux-ci — quel argument pour la réduction de la durée du service militaire en temps de paix, au moins dans l’infanterie !— avaient appris à manœuvrer correc tement. Ils marchaient en bon ordre, maniaient selon les règles leur petit fusil, et, au son des clairons et des fifres, défilèrent. En présence du con seil municipal tout entier, M. Charles Floquet, alors préfet de la Seine, remit à ces soldats-clèves leur drapeau, et les paroles qu’il prononça, toutes fré missantes de patriotisme et d’espoir, furent longuement acclamées par la foule profondément émue. Ces petits garçons exercés déjà au maniement des -armes, faisant si tôt l’apprentissage de la discipline, c était, devenue palpable, tangible, la volonté de la France de ne jamais consentir à l’accentalion de son imméritée défaite, de s'obstiner toujours, jusqu’à ce que justice eut été rendue, dans une fière protestation. Par la voix de ces enfants, la Fronce jurait aux morts de 70 et de 71 de les venger et aux frères sacrifiés d’Alsace et de Lorraine de ne jamais les oublier. Grande était la pensée ; grand fut l’enthousiasme. Non seule ment chaque arrondissement de Paris voulut avoir son bataillon scolaire, mais l’exemple donné par la capitale fut imité en province. A un moment donné, les élèves des bataillons sco laires furent cinquante mille. Mais nous sommes, malheureuse ment, un peuple trop léger, trop frivole, capable enfin des plus vertigineuses poussées, inapte aux besognes qui demandent à être poursuivies patiem ment, en silence. Je ne voudrais pas dire que l’esprit de patriotisme se soit affaibli en France — bien qu’on ait fait, que quelques-uns aient fait tout ce qu’il fallait pour cela — mais à la longue on s’est lassé d’un effort dont on ne pouvait voir les résultats ; les préoccupations publiques ont changé leur cours, et à force — je rappelle le mot célèbre, et peut-être dangereux, de U a m bei ta— à force de ne jamais parler oe la guerre future, on a fini par y penser moins. Réduits au mutisme...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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