Extrait du journal

— Oui, alors je suis parti, je suis rentré chez moi. J'étais fou. J’ai réveillé ma mère et lui ai conté la catas trophe. C’est elle qui me suggéra l’idée de remplacer la somme manquante sans rien dire. Tout valait mieux que d’être accusé, et ac cusé je devais l’être infailliblement, étant donné cet assemblage de coïncidences mal heureuses. Evidemment, je le reconnais à cette heure. J’ai manqué de sang-froid, j’aurais dû réveil ler toute la maison, mettre sur pied le portier et les locataires. Peut-être qu’au lieu de s’en fuir de suite, les voleurs se sont cachés dans les combles... Oui, j’ai manqué de sang-froid. Mais devant un pareil malheur, qui ne se sentirait devenir dément ? Je vous jure, monsieur, que j avais l’esprit désemparé... Je ne songeais qu'aux conséquences de ce vol et qu’on me l’impute rait fatalement . Devant une aussi terrible évidence, mes for ces m’abandonnaient ; j’aurais eu une arme, le me serais tué,et cette fois j’aurais bien visé, je vous eu réponds,devant votre coffre-fort... v Ma sainte mère me consola, inter rogez-la, monsieur, si vous doutez de mes paroles... — Je m’en garderai bien ! riposta le verrier en fronçant les sourcils. Une mère comme celle-là surtout, n’accusera jamais son enfant, elle le défendra envers et contre tous ; donc 1 mettons Mme Derliuys hors de ce débat, je vous en prie. Maintenant, voulez-vous mon avis, bien net et bien franc ? Je ne crois pas un mot, pas un' seul de vo tre petite histoire. C’est trop fait à la main...