Extrait du journal

Si quelque devin s'était avisé de prédire aux grognards de Napoléon qu’un jour viendrait où la patrie délivrerait à ses défenseurs, en plus du fusil, de la baïon nette, des cartouches, du pistolet, du sabre et de la grenade, une paire de pinces, ou de pincettes, la surprise de ces braves n'eût pas connu de bornes. C’est pourtant ce que nous allons voir un jour ou l’autre. La chose a déjà pris de l’essor en Allemagne. C'est dire que nous l’adopterons bientôt. D’ailleurs, n’est-elle pas logique ? La guerre russo-japonaise, après celle du Transvaal, nous a montré l’usage que la défensive faisait à présent des fils de fer tendus dans fa zone protectrice, fils barbe lés dans lesquels s’empêtre l’assaillant. Il s’agit de vaincre cet obstacle nouveau. Comment ? En coupant les dits fils de fer, au cours de l’assaut. Comment s’y prendre ? Les troupes an glaises, non plus que les Russes, ni les Japonais, n’étaient munis d’instruments ad hoc. Ces instruments se réduisent, après tout, à un seul : la paire de pinces du treillageur, autrement dénommée cisaille....