Extrait du journal

Les Couloirs avant la Séance Paris, 11 juillet. Malgré la pluie qui tombe depuis ce matin, fine et serrée, une foule nombreuse se presse aux abords du Palais-Bourbon ; des centaines de gens, les pieds dans l’eau, abrités tant bien que mal sous des parapluies, font queue le long des grilles, encadrés par une double haie de gardiens de la paix, tels des miséreux de vant les portes d’un fourneau économique. Depuis plusieurs heures déjà, ils attendent ainsi avec une patience que rien ne décourage, espérant toujours qu’ils réussiront à pénétrer dans lâ salle des séances. Fol espoir, tout est plein, arcliiplein ; non seulement les tribunes sont bondées, mais il y a du monde jusque dans les escaliers, jusque dans les corridors ; même affluence dans les couloirs ; le salon de la Paix est littéralement envahie et, tout en jouant des coudes, on a une peine infinie à s’y frayer un passage. Dans l’hémicycle, pas une place n’est vide, tous les députés, tous les ministres sont à leur banc. L’affaire Rochette, — car c’est elle qui est cause de tout ce mouvement — fait le grand maximum. De la discussion qui va s’ouvrir on n’ose trop augurer ce que la Chambre va faire ; la plupart de ses membres observent une grande réserve, plusieurs même regrettent que la tri bune de la Chambre doive servir à la publicité de l’affaire Rochette ; cependant, l’idée de la nomination d’une commission d’enquête fait du chemin. Il apparaît de plus en plus que telle sera la conclusion du débat qui va s’ou vrir, le gouvernement n’ayant pas l’intention de s’y opposer formellement....