Extrait du journal

dis que le père était étendu sur un grabat, les enfant* demandaient du pain à leur mère au désespoir ! Le vieux soldat ne pouvait en croire ses yeux. Pour soulager tous ces maux, il serait allé mendier, s il avait pu, mais la fatigue de la route avait enlevé ce qui restait de vigueur à ses pauvre jambes. Assis à côté du foyer éteint, il ne bougea bientôt plus. Lorsqu’il arrivait quelque léger secours, on lui demandait : — Grand-père, avez-vous faim ? Il se contentait de faire un signe négatif pour toute réponse. Par moment, il attirait près de lui un des enfants, il le regardait longuement, puis lui disait, d’une voix douce : — Sois sage ! L a famille Garcin ne comprenait pas com ment il vivait. Un matin, on le trouva sans vie. Sa vieille tête était penchée vers les ge noux. Il se mordait le poing, comme s’il eut voulu étouffer une plainte. La mort remontait à quelques heures, car il était glacé! Ses veux démesurément ouverts, effrayè rent. les enfants qui essayèrent en vain de l’éveiiler. Qui sait? Peut-être l'âme du vieux sol dat planait en l’air pour écouter leurs accents dése* |>érés ! Ce fut le premier cadavre qui sortit de la maison. Le second fut celui d’une petite fille de cinq ans. La mort n’eut pitié, ui de son âge, ni des supplications de son père et. de sa mère. EUe expira, et le cadavre resta trois jours dans la maison, ses parents n’ayant pas d’ar gent pour la faire enterrer....