Extrait du journal

Marseille, le 12 juin 1869. LES GLACES Si le bon Dieu n’avait pas créé l’été, il faudrait l’inventer pour prendre des glaces. Il est vrai qu’on en prend aussi en hiver, mais ce n’est pas du tout la même chose. En hiver on prend des glaces — d’a bord pour prendre quelque chose, puis parceque c’est un rafraîchissement plus aristocratique qu’un autre ; c’est peutêtre un plaisir de plus ajouté à tous ceux d’une soirée: —les blasés trouvent pointant qu’avec les gateaux, le punch au kirsch et les pièces froides,les glaces ne sont qu’un faible dédommagement aux corvées d’une soirée de gala : une façon comme une autre de dorer, ou mieux de (/lacer la pilule, aux valseurs et aux premières utilités d’un raout quelconque. Mais dans tous les cas le plaisir — si plaisir il y a — est assez faible, et passe inaperçu au milieu cUs autres — que je vous énumérerai.. au mois de novembre prochain. 0 n ne peut apprécier toute la jouis sance que procure une glace, panachée vanille et moka, qu’en été : la [jouis sance éprouvée alors par le palais se double de la jouissance d’un besoin satisfait. Les blasés — mais ceux-ci d’un autre genre que les précédents, — vous diront pourtant qu’à cette époque de l’année où un chien d’aveugle pour rait devenir subitement hydrophobe en...