Extrait du journal

Marseille, le 13 juin 1869 C’EST BIEN FAIT! J’ai lu une lois dans un journal, qu’un chasseur s’étant endormi sous un arbre, après avoir posé son fusil tout armé à côté de lui, un lièvre, qui d’a venture passait par là, mit la patte sur la gâchette de l’arme : le fusil partit, et le chasseur reçut la charge dans les côtes. Il est évident qu’il ne pouvait y avoir préméditation de la p art de ce lievre. et que bien certainement il ne cherchait point à venger ses frères, que le plomb meurtrier du chasseur avait étendus dans la plaine; le hasard avait tout fait — à moins que ce ne fut un journa liste qui eut fait ce canard. Mais dans tous les cas, il est incontestable que les accidents de chasse sont assez fréquents et que,plus d’une fois, par une cause ou par une autre, un imprudent chasseur reçoit la charge de son fusil dans la figure. Pourtant j’avoue que je n’ai jamais pu m’apitoyer sincèrement sur le mal heureux sort de ces chasseurs impru dents et que, le fait que je viens de ra conter fut-il d’une authenticité incon testable, il ne m’arracherait pas la plus petite larme ; à tout prendre j’aimerais mieux accorder ma compassion aux milliers de lièvres moissonnés dans la fleur de l’âge, par des chasseurs impi toyables, auxquels ils n’avaient jamais rien fait. X On ne me fera jamais croire que la chasse est aussi indispensable au bon heur de l’homme que le vélocipède et les pommes de terre : nombre de gens hont jamais tué un bec-figue de leur vie, qui ne s’en portent pas plus mal ; en admettant même que le gibier fut un aliment indispensable, il est infiniment, plus simple d’aller directement l’ache ter au marché, que d’aller faire dix lieues par monts et par vaux — pour ne...