Extrait du journal
ENCORE LES ITALIENS l Cela commençait à s’arranger, tout rient d’être encore remis en question ; une détente semblait se dessiner du côté des principaux organes de l’opinion publique italienne, voilà que survient à Londres un discours de l’ambassadeur d’Italie, jetant de nouvelles irritations dans les esprits. C’est un jeu d’intermittences ; il faut se décider à en prendre son parti, renon cer définitivement à se laisser aller aux regrets aussi bien qu’aux espérances, et ne plus regarder par là-bas. Evidemment, on s’en préoccupe plus qu’il ne paraît naturel de le faire, parce qu’on a la conviction que l’Allemagne n’a pris l’Italie à son service que pour lui faire jouer, vis-à-vis de nous, un rôle destiné à piquer notre sérénité ex pectante. Admettons que tout cela soit, en intention : ne sommes-nous pas maîtres que tout cela ne soit pas, en action ? Notre grand, notre réel ennnemi, c’est l’Allemagne. L’Italie n’est que quantité négligeable dans nos sensations patrioti ques, et ce n’est vraiment pas la peine que , pour donner satisfaction à un sentiment bien peu intraitable au fond, nous tombions dans le piège que nous tend l’Allemagne. L’Italie prend à chaque instant, en face do nous, une altitude provocante, usant de toutes les occasions pour lasser notre patience : soit; mais la provocation n’est pas tellement redoutable que nous nous trouvions obligés d’y répondre. La sensibilité du point d’honneur d’un peuple doit être aiguisée en raison directe de la puissance de celui qui l’excite ; les soucis de notre dignité doivent nous imposer, vis-à-vis de l’Alle magne , telle intransigeance qui ne serait que ridiculement ombrageuse visà-vis de l’Italie. On dit que les Italiens nous détestent. Qu’est-ce que cela nous fait ? Avonsnous besoin de l’Italie pour vivre ? Y at-il eu nécessité d’avoir recours à elle pour rétablir notre fortune, relever notre prestige reprendre, daosJe coiic&rt eu ropéen, le rang que les fortunes de la j guerre nous avaient lait un instant aban donner ? S'il n’est pas bien prouvé que l’Italie ne puisse pas se passer de nous,n’est-il pas, au contraire, péremptoirement démon tré que nous pouvons nous passer d’elle ? Dès lors, ne nous est-il pas permis de considérer placidement, sans grande am bition d’y rien changer, l’état où nous vivons depuis que notre ancienne amie a voulu rompre avec nous ? Une petite question de nerfs ne se traite pas en question nationale ; il peut bien être quelque peu agaçant de sentir comme cela, tout à côté de soi, une ini mitié rageuse, se traduisant tantôt en aigres propos, tantôt en vaines fanfaron nades ; mais mettre le feu à l’Europe parce que quelque chose grince à côté de soi est vraiment faire montre d’un caractère trop inquiet. Or, c’est là précisément le piège qu’on nous tend ; on veut, à toute force, prouver que nous sommes, pour nos voisins, un éternel sujet d’alarmes ; que nous seuls rendons impossible le règne définitif de la paix parmi les nations européennes. Montrons donc de la mansuétude, exa gérons-! à au besoin, nous nous trouve rons ainsi, pour le jour de l’entrée en scène de nos véritables et sérieux enne mis, dans un rôle de légitime défense qui mettra tous les avantages de notre côté. D( % si l’Italie est destinée à jouer le...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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