Extrait du journal

Dans le large corridor qu’elle suit pour re-_ gagner son appartement elle aperçoit Roger, son Roger, son mari, celui qu’elle adore quand même. , , Elle veut se jeter dans ses bras, lui dire bien vite toute la douleur dont son âme est pleine. Mais brusquement il la repousse. Et d’une voix où monte la colère — une co lère terrible, menaçante, — il lui crie dans le cœur : — J’ai tout entendu... — Que vas-tu faire maintenant ? — Je vais aller le trouver, moi aussi. Et il faudra bien qu’il m’ouvre son coffre-fort, qu’il me donne les cinquante mille francs dont j’ai besoin... sinon, malheur à lui l... — Roger !... Roger I... Elle veut le retenir. Instinctivement elle a peur de cette colère, peur de cette révolte. Il la repousse encore. Alors, éperdue,serrant sa tête à deux mains, elle s’enfuit dans le petit salon attenant à sa chambre. Et pendant que la malheureuse s’aban donne à tout son désespoir, Roger, très ré solu, est entré chez le général. Le général l’attendait. — Je savais bien, dit-il, que vous viendriez faire près de moi une nouvelle tentative ; je savais bien que vous essaieriez de me toucher le cœur... vous êtes si insinuant ! Après avoir triomphé de ma pauvre Micheline,après lui avoir enlevé peu à peu toute sa fortune, après avoir gaspillé sa dot et l’héritage qu’elle tenait de sa mère, après avoir ruiné ma fille, enfin, vous espériez bien, n’est-ce pas, me ruiner à mon tour, moi, et faire ven dre Trébons aux enchères publiques... Puis, d’un geste large, montrant les magni fiques bois entourant le château... — Vous espériez bien faire argent de tout cela, vendre les métairies et le peu qui nous reste | Mais, moi vivant, vous ne toucherez pas à ce vieux domaine l,„...