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Le Petit Marseillais, 14 décembre 1891

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Le Petit Marseillais
14 décembre 1891


Extrait du journal

terres produisent, ni que la promotion d’un évêque d'un siège à l’autre valût encore à un pontife étranger une année des reve nus des deux évêchés. Le Concordat, établi sur ces bases, ren contra dans le clergé, les parlements, les universités, une opposition décidée ; mais le roi l’ayant envoyé muni de ses lettres patentes au parlement de Paris, cette compagnie consentit enfin à l’enregistrer (1518). — D. L’ŒUVRE DES VEUVES et l'Assistance par le Travail On nous écrit de Paris : L’an s'achève: déjà les magasins ont mis dehors tout ce qu'ils ont de beau, de coquet, de précieux; il s’agit de séduire les yeux, et les inventions vont leur train. Mais si le temps des fêtes est proche, il est des gens pour qui jamais 11 n'y a de fêtes. Si ceux qui possèdent ne pensaient à ceux qui ne possèdent point, pour beaucoup l’épo que des réjouissances serait une époque de désolation, car il n’est rien de plus désolant que d'étre seul à pleurer alors que tout se réjouit et s'égaie. Le budget de la charité est, cette année, considérable : on a beaucoup donné; on don nera encore à l'occasion des fêtes. Le bien s’organise. Cette année, comme les précédentes, très discrètement fonctionne un service d'ordre privé extrêmement intéressant. Il y a déjà quelque temps que des enquê teurs sont passés à domicile dans un grand nombre de familles où la misère est grande. Ces enquêteurs, sans aucun bruit, se sont assurés de la situation réelle des gens qu'il s'agit de secourir... Cette œuvre silencieuse est à Mme Carnot et l’on pourrait l’appeler l’œuvre des veuves. Car elle s'occupe des femmes devenues veu ves dans l'année et restées seules avec trois ou quatre enfants à leur charge, cinq sou vent môme ! Les maires, dans chaque arrondissement, ont désigné les plus intéressantes ; les enquê teurs prévenus ont commencé aussitôt leur délicate mission. Trois cents veuves sont secourues cette année; trois cents femmes et douze cents enfants,cinq cents filles et sept cents garçons. Mme Carnot envoie à chacune des mères un secours de loyer et un paquet de vêtements. Au bas mot, il s'agit là de 30 à 40,000 francs. Le secours est donné avec intelligence, ré parti selon les âges et les besoins, il consiste en habillements : pantalons.chaussures, robes, jupons, bérets, chemises, tout enfin ! L’enquê teur a vu le logis; si le lit est trop pauvre, il y aura dans l’envoi matelas ou couvertures. Les paquets arrivent discrètement par les voitures louées à cet effet. Personne ne sait ce dont il s’agit; mais dans la maison, quelle joie! Il faut savoir les tristesses du dénûment pour comprendre ce que produit l’arrivée du secours dans des maisons absolument dénuées, où Ton n'achète jamais. Non, jamais ! Les choses usées se remplacent par des choses usées, le vieux par du vieux; ces pau vres s’habillent de loques vendues par des pauvres dans quelques marchés bizarres et mal fréquentés. Le neuf est inconnu. Et le ravissement causé par l’arrivée des vêtements neufs qu’envoie Mme Carnot est incontestablement plus vif que celui éprouvé par une grande coquette qui prend sa robe de fêle chez Worth ! •Nous parlons de cela tout simplement par ce que nous avons vu ! ce n’est pas Mme Carnot qui s’en ira raconter ces choses-lâ; son œuvre s’accomplit tout bas ; l’organisation en est pres que mystérieuse, personne ne la sait, ni n’en, dit rien. Que de joie ! le loyer assuré, de bons habits qui permettent de marcher hardiment, sans honte, de se présenter à l’école comme les autres avec de vraies chaussures aux pieds. Quel bonheur pour la mère de voir ses en fants vêtus d’une façon moins sordide et chau dement. Mon Dieu, chacun entend à sa manière le devoir de la charité : tel pour s’en alléger trouve sage de porter une certaine somme au bureau de l'assistance publique, tel autre l’en voie à grand bruit, comme s’il comptait faire illusion sur sa générosité... Combien je préfère celte action continue, patiente, qui s’en va droit à la misère, l’apprécie et la soulage dans ce qu elle offre de plus urgent. Nul ne sait ce que l’avenir garde à nos gouvernants : mais on leur rendra, tout au moins, cette justice de dire qu’ils ont largement et honnêtement dépensé leur argent. Bien des êtres garderont un reconnaissant souvenir à cette femme simple et gracieuse dont la main et le cœur s'ouvrent si volontiers....

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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