Extrait du journal
Paris, 13 juin. — Un nouvel acte de sa botage a été commis sur la voie ferrée, près de Chaville. Grâce à la perpicacité d’un employé auxiliaire, une catastrophe a pu être évitée. Voici en quels termes M. Grandin, l’employé, qui aperçut la pièce qu'un criminel avait placée sur le rail, raconte sa découverte : « Je crus voir une grosse boîte à sardines, mais en m’approchant je me rendis compte de mon erreur : il s’agissait d’un sabot de frein. Le sabot de frein, qui a la forme d’une var lope, est une lourde pièce de fonte, de cinquante centimères environ, et que l’on emploie dans les gares de triage pour arrê ter les rames en déclivité. Un seul de ces appareils suffit à bloquer une rame de dix à douze vagons. . « J’examinais le sabot, continue M. Gran din, quand je remarquai en haut du chemin un individu, vêtu d’un costume gris assez clair et coiffé d’un chapeau de paille cano tier et qui paraissait avoir de 30 à 35 ans. Il était en train d’escalader un treillage. Impossible de me lancer à sa poursuite. L’homme, extrêmement vif, avait déjà sauté sur la bicyclette qu’il avait laissée là et.il s’enfuyait en pédalant à toute vitesse. » Aucun doute, c'était le criminel, que la venue de M. Grandin avait empêché d’a chever son monstrueux travail. Le chef de gare de Chaville, qui a examiné le sabot de frein en même temps qu’un inspecteur de la voie, accouru d’urgence pour faire son enquête, a déclaré : « Le sabot, qui était d'un modèle ordinaire et qui avait déjà servi, n’appartient pas à notre compagnie ; tous les appareils de ce genre sont, chez nous, matriculés et portent une marque spéciale. La pièce dont s’est servi le crimi nel vient donc d’un autre réseau. En tout cas, l’individu est certainement un profes sionnel des chemins de fer. On en trouve rait la preuve dans la façon dont il a posé le sabot. Il a choisi, pouf le placer, le rail pair, c’est-à-dire le rail de droite de la voie montant’. C’était à cet endroit que le sabot pouvait le mieux provoquer un accident. Le criminel connaissait parfaitement les horaires de la ligne ; il avait installé son appareil sur la vole de Paris à Versailles, sur laquelle, à 13 h. 18, passe un train, et non sur celle de Paris, dont le convoi n’ar rive que cinq minutes plus tard. Le diman che, sur cette ligne, les trains sont entière ment chargés ; la locomotive,buttant contre...
À propos
Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.
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