Extrait du journal

En semaine, comme il n’avait plus le sou, il buvait de l’eau. M’sieu Maquart, d’ailleurs, ne plaisantait pas ! Ah ! mais ! Dix fois déjà il avait congédié l’ivrogne et toujours il l’avait repris, car, après tout, lors qu’il n’était pas gris, il faisait de bonne beso gne, en som ne. — Ça, c’est vrai, Antoine, fit-il, si vous re fusiez de trinquer avec moi, vous me feriez affront et je ne vous le pardonnerais pas. Il était déjà entre deux vins. Il devait rentrer ivre-mort à la ferme, selon son habitude chaque dimanche ou jour de fête carillonnée. — Jean Paul ... Une bouteille, une bonne, si c’est possible. Je régale Antoine pour une fois, je ne veux pas qu’il boive de la drogue. Le cabaretier apporta une bouteille et deux verres. Jean-Baptiste versa le vin d’une main trem blante, heurtant en cadence les verres avec le goulot de la .bouteille L’ivrogne s’esclaffa. — Bon 1 fit-il. Vlà mes pattes qui commen cent leur branle-bas. A votre santé, Antoine ! Il leva son verre. pour regarder la couleur du liquide ; puis, le portant à ses lèvres qui le buvaient d’avance et s’allongeaient cocas sement, il le vida d’un trait. — Vous avez tort, Jean-Baptiste, de vous soûler comme ça, dit Antoine ; ça vous jouera un mauvais tour. L’ivrogne ricana. — Après moi le déluge, et j’ai horreur de l’eau ! fit-il. Il se versa une deuxième rasade ; puis, une troisième. L’ivresse en lui montait. Le petit bleu produisait son effet. Ses « coquines de pattes » dansaient effroya blement et sa langue s’embarrassait. — Non. J’ai consenti à trinquer pour ne pas vous désobliger, il faut que je rentre. Antoine et Jean-Baptiste étaient seuls dans...