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Le Petit Marseillais, 14 novembre 1923

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Le Petit Marseillais
14 novembre 1923


Extrait du journal

M. E. -A. Filene, homme d’affaires iméricain dont l’action politique s’exerce sur les affaires d’Europe, depuis quelques années, avec une certaine persistance, vient de donner à M. Robert de Jouvenel une interview qui mérite d’être considérée avec d’autant plus d’attention qu’elle cache, soit un piège, soit une menace. M. Robert de Jouvenel est trop subtil et trop avisé pour ne pas s’en être aperçu, | imagine. Mais c’était une interview : la courtoisie lui imposait de la reproduire telle quelle, et l’on voit bien que notre Intelligent confrère n’assume nullement la responsabilité des thèses avancées par M. Filene. Celles-ci commencent pourtant fort bien. « Même, dit-il, si la France obtenait le maximum des réparations possibles, avec des gages satisfaisant les banquiers, cela ne lui servirait à rien si elle doit continuer à vivre sous une menace perpétuelle de guerre qui l’oblige à des dépenses militaires considérables. « D’autre part, il est évident qu’une Allemagne redevenue industriellement puissante nourrira des pensées de revan che. De plus, si elle reconquiert sa capacité de production avant que la France soit reconstruite, elle prendra sa place sur les marchés du monde. « Donc, la France a le droit strict d’exiger que l’Allemagne paie ; le droit itrict de prendre ses précautions pour ïu’elle ne lui fasse pas une concurrence déloyale ; le droit strict d’entretenir une irmée suffisante pour la garantir contre une revanche allemande. « Mais si logique qu’elle soit, cette politique risque d’amener la ruine écono mique et financière de la France avant même quelle ait obtenu la liquidation des réparations et des dettes interalliées, sans compter les chances pour elle, dans ces conditions, de révolution ou de dictature. » ... Ici, le bout de l’oreille commence à se montrer. La révolution ou la dictature en France ?... C’est tout au moins une idée d’étranger qui n’entend rien à notre psychologie politique. Mais continuons : « ... Quant à l’Allemagne, sans mon naie, avec une population ouvrière appauvrie, exaspérée, ce n’est plus la dictature de Ludendorf qui la menace, c’est celle de Lénine. Quand le bol chevisme aura réuni la Russie et l’Alle magne, cela créera un péril — même militaire — contre quoi la France ellemême sera impuissante. » Encore un bateau, si j’ose le dire. En Allemagne, les réactionnaires et les monarchistes bavarois ou prussiens con tinuent â se montrer beaucoup plus actifs et beaucoup plus dangereux que les communistes, lesquels d’ailleurs ne sont qu’une minorité parmi les socialistes, qui ne les suivraient pas. Du reste, nous avons déjà entendu tout ça : Voici qui est plus neuf. Voici où...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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