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Le Petit Marseillais, 14 octobre 1922

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Le Petit Marseillais
14 octobre 1922


Extrait du journal

J’aime autant vous dire tout de suite que c’est moi l’infâme. Un ordre du jour do M. Mattéi,secrétaire général des inscrits mari times, m’accuse, en effet, « d’agissements infâmes ». Je fais partie d’une presse aux subsides louches et je profite des misères humaines. Le Petit Provençal a fait à cet ordre du jour un accueil empressé. C’est une attention confraternelle d’une élégance spéciale. Ne prenons pas la chose au tragique, ni même au sérieux. Mon crime est d’avoir exprimé librement une opinion. Elle était d’une modération extrême. Quelle est-elle ? Que les dirigeants syndicalistes ont le devoir de songer aux intérêts de leurs man dants et qu’ils trahissent ces intérêts en provoquant une grève qui ruine à la fois les inscrits et Marseille ; Que le commerce et l’Industrie de notre ville sont mis en péril sur une question de principe qui pourrait parfaitement être réglée sans arrêter la navigation française; Que les meneurs de la grève actuelle privent les inscrits de Marseille d’un libre arbitre que les marins de l’Ouest et du Nord ont su conserver ; Que Marseille, où l’on veut travailler, où l’on est courageux et actif, ne mérite pas d’être saignée économiquement comme elle l’est par un groupe d’agitateurs ; Qu’il est absurde de faire perdre à des ouvriers trois millions de francs de salaires et de demander en échange, A des amis politiques, une aumône de 200.000 francs, prise dans la poche des contribuables, c’est-à-dire non pas des bourgeois exclusi vement mais d’autres ouvriers et em ployés qui souvent sont eux-mêmes en chô mage involontaire. Il paraît que ces quelques vérités ont été dures aux oreilles de ceux qui vivent de la politique démagogique et de ln naïveté des syndiqués. Voilà ce qu’on appelle dos agis sements infâmes. Laissez-moi alors me vautrer dans mon infamie. S’il s’agit de u subsides louches », je vou drais bien savoir quels ils sont. D’aimables correspondants, empressés à ne pas signer, m’ont écrit que j’ai dû toucher chez les armateurs de nombreux billets de mille. L’accusation est de celles auxquelles or est accoutumé dans le métier. Mais je dois, moi qui signe, rassurer les anonymes : je ne connais aucun armateur qui m’ait cou vert d’or ni même de papier bleu. Je dirai qu’aucun ne m’a adressé le moindre remerciement s’il a eu à se louer de moi. Les inçulteurs voient donc que je ne pro fite pas des misères humaines, et pour cause. Mon infamie courante consiste à...

À propos

Fondé en 1868 par Toussaint Samat, Lazare Peirron et Gustave Bourrageas, Le Petit Marseillais était le plus grand quotidien de Marseille, affichant un tirage de plus de 150 000 exemplaires en 1914. D'abord républicain radical, le journal s'avéra de plus en plus modéré au fil des ans. Dans un premier temps très local, il fut l’un des premiers journaux à publier dans la presse des récits de procès judiciaires sensationnels dès 1869, avant de s’ouvrir aux actualités internationales.

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