Extrait du journal

battit et succomba sans que l’on vînt à son secours. Son corps ne fut re trouvé que le lendemain. Je ne vous mentais pas au début,en vous disant^que mon récit allait vous rapporter une histoire ordinaire, une histoire de tous les jours. Et si j’ai insisté sur cet événement si commun, c’est que derrière la mort accidentelle de cette malheureuse en fant, se cache un de ces drames poi gnants que l’imagination ose à peine concevoir. Ce drame le voici : La mère de la jeune Amélie était,il y a une dizaine d’années, une des beau tés du lac les plus célèbres par les charmes de sa figure et l’excentricité de ses goûts. Femme galante dans la plus large acception du mot, ne connaissant dans la vie que deux choses, les plaisirs et l’amour, elle avait été bien vite lancée dans le bourbillon de cette existence malsaine qui conduit, par un chemin semé de roses, du deshonneur de la famille au grabat de l'hôpital, et elle s’était abandonnée au courant, sans tourner une seule fois la tète en ar rière, sans repentir, comme sans re mords. Plus fortunée que la plupart des malheureuses que la paresse et les mauvaises fréquentations jettent dans ce sentier fatal, la belle Cora, comme l’appelaient ses adorateurs nom breux, avait reçu du ciel une de ces bénédictions qui, d’ordinaire,arrêtent les pas chancelants de la vertu sur les bords du précipice et font que le vice courbe le front sous cette marque du pardon du ciel. Cora avait deux enfants, deux blonds chérubins au frais visage, au babil plein de grâce dans sa naïveté. Mais le gai sourire de ses filles, les doux baisers de leur lèvre rosée, lais saient froid le cœur de la courtisane Cora et, c’est à peine dans sa vie de débauche perpétuelle, au sortir d’un...